Des plastifiants et des traces d’hydrocarbures retrouvés dans des huiles d’olive vierge extra

25 avril 2025

Emblème du régime méditerranéen, l'huile d'olive - a fortiori l'huile d'olive vierge extra - est souvent considérée comme un aliment santé. Ça n’est pourtant pas une garantie de bonne qualité : 60 Millions de consommateurs a retrouvé dans 22 produits, bio ou non, des traces de plastifiants et d’hydrocarbures. L’« or vert » n’échappe pas à la pollution.

Les Français consomment en moyenne 1,7 litre par an et par habitant d’huile d’olive vierge. Afin de connaître vraiment ce que ces produits contiennent, l’Institut national de la consommation, éditeur du magazine 60 Millions de consommateurs, a analysé 22 huiles d’olive vierge extra, conventionnelles et bio, vendues pour la grande majorité en grande surface, excepté une huile française « premium ». Les prix vont de 10 à 60 € le litre.

Huiles d’olive vierge extra, à haut risque de fraudes

Toutes sont des huiles d’olive vierge extra, c’est-à-dire issues directement du fruit par simple pression mécanique, ou selon la méthode moderne, par centrifugation à deux phases ou à trois phases. De plus, la mention « extra » exige que l’huile réponde aux critères physico-chimiques et sensoriels définis par le règlement européen (n° 2022/2104). Et si, à cette étape, le fabricant ne recourt ni à la chaleur (pour augmenter le rendement) ni à une seconde extraction par solvant ou vapeur d’eau, on parle alors d’une huile vierge « première pression à froid ».

L’huile d’olive vierge extra fait particulièrement l’objet de fraudes. Rien qu’au 1er trimestre 2024, 50 infractions ont été constatées aux frontières de l’Union européenne : non-conformité aux normes de sécurité, falsification du pays d’origine, dilution avec d’autres huiles… C’est pourquoi 60 Millions a confié cette analyse à un laboratoire spécialisé et indépendant (l’Institut des Corps Gras et Produits Apparent).

Comparé au précédent essai sur les huiles d’olive (n° 592, juin 2023), la qualité sensorielle progresse, mais ces huiles contiennent des polluants dangereux pour la santé.

La qualité sensorielle s’améliore…

Parmi les points positifs, l’acide oléique (un oméga-9, de type monoinsaturé) est le principal acide gras retrouvé, ce qui prouve qu’il n’y a pas eu de dilution avec une huile de moindre qualité.

Ensuite, la proportion des acides gras varie selon l’origine et la variété des olives. L’idéal est d’avoir un taux bas d’acides gras saturés, en raison de leur impact négatif sur les artères. La plus faible proportion dans les huiles testées étant de 14,8 %, tandis que les moins bonnes huiles peuvent atteindre jusqu’à 20 %,.

Quant aux acides gras trans, reconnus pour augmenter le risque de maladies cardiovasculaires, leur proportion totale n’excède jamais 0,05 %, bien en deçà du seuil maximal autorisé de 2 %.

Autre bon point : aucun uvaol ni érythrodiol n’a été retrouvé, deux stérols dont la présence dénoncerait un mélange avec de l’huile de grignons d’olive (résidus de pulpe et fragments de noyaux).

Enfin, le niveau d’acide oléique, facteur de dégradation de l’huile d’olive, est conforme aux normes. L’indice de peroxyde, l’un des critères utilisés pour mesurer cette oxydation, est également dans les clous. Cependant, certaines huiles présentent un indice plus élevé que d’autres.

… mais pas la propreté !

Aucune des références n’échappe aux contaminants. Qu’il s’agisse de plastifiants ou, plus encore, d’hydrocarbures d’huiles minérales, toutes les références analysées contiennent au moins un contaminant, et pour certaines, en quantité non négligeable.

Précisément, qu’elles soient bio ou conventionnelles, les huiles d’olive contiennent de un à trois phtalates ou plastifiants. La Puget (origine France), l’unique référence à ne contenir qu’un seul plastifiant (le DEHT, ou di-éthylhexyl téréphtalate), et en très faible quantité, se distingue.

Dans les autres huiles, en revanche, ce plastifiant est retrouvé, souvent associé à d’autres, comme le di-éthylhexyl phtalate (DEHP), classé lui comme perturbateur endocrinien avéré et reprotoxique ! Franck Dejean, responsable du département analyse et expertise de l’Institut des Corps Gras et Produits Apparentés, rappelle toutefois que les niveaux mesurés demeurent acceptables au regard des précédentes analyses.

Pour limiter ce risque, les fabricants ne doivent pas utiliser de matériaux contenant des phtalates dans la chaîne de production et de stockage des corps gras, comme l’huile d’olive. Preuve en est que cette mesure n’est pas respectée pour la grande majorité des huiles testées.

Pour leur part, les MOSH (hydrocarbures saturés d’huiles minérales) et les MOAH (hydrocarbures aromatiques d’huiles minérales) sont des dérivés du pétrole (lubrifiants pour les moteurs, etc.). S’ils se retrouvent dans l’huile d’olive, c’est que les fabricants ne sont, là aussi, pas vraiment vigilants : toutes les références contiennent au moins l’un de ces deux contaminants.

Or les MOSH, en contaminant les aliments, peuvent s’accumuler dans le foie et le système lymphoïde, tandis que les MOAH possèdent des propriétés cancérigènes. Certaines huiles contiennent jusqu’à 10 mg/kg de MOAH. C’est cinq fois la limite jugée acceptable par l’Union européenne.

  • Source : 60 millions de consommateurs. INSTITUT NATIONAL DE LA CONSOMMATION MAI 2025 / N° 613

  • Ecrit par : Hélène Joubert - Édité par Emmanuel Ducreuzet

Destination Santé
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