Des virus détectés… dans des mouchoirs

20 avril 2023

L’époque des tests PCR et autres autotests à réaliser pour pouvoir retourner à l’école ou au travail n’est pas si lointaine. Si les résultats d’une expérience menée à l’Université de Rennes se confirment, les écouvillons pourraient un jour être supplantés par des mouchoirs usagés pour détecter la présence de virus.

Nataliia Romashova/shutterstock.com

Durant la pandémie, certains parents ont rivalisé d’ingéniosité pour éviter à leurs enfants des tests à répétition, jugés trop invasifs. Comme le détournement des mouche-bébés par exemple, qui consistait à imbiber l’écouvillon de l’autotest dans le mucus recueilli par l’appareil plutôt que directement au fond des narines du petit. Une méthode parmi d’autres, pas vraiment validée par les scientifiques.

Et voilà que l’on apprend que Vincent Thibault, professeur à l’Université de Rennes et chef du laboratoire de virologie du CHU de Rennes, a développé une technique permettant de détecter des « génomes viraux respiratoires sur mouchoirs usagés, en utilisant l’équipement standard des laboratoires d’analyses médicales », écrit l’Université de Rennes dans un récent communiqué.

Crèche et école

L’idée germait avant la pandémie dans l’esprit de cet « admirateur des exploits de la police scientifique ». Le postulat du Pr Thibault : « Si aujourd’hui les enquêteurs parviennent à détecter des fragments d’ADN sur des prélèvements vieux de plusieurs années, pourquoi ne serait-il pas possible de déceler des génomes de virus respiratoires sur des mouchoirs usagés, vieux de quelques jours ? ».

D’autant que les laboratoires d’analyses médicales, comme celui du Pr Thibault au CHU de Rennes, sont désormais équipés de machines de plus en plus performantes. Elles sont capables de réaliser des analyses automatisées de biologie moléculaire, permettant la détection précoce des principales maladies infectieuses.

Le médecin-chercheur et son équipe ont donc recueilli des milliers de mouchoirs usagés, à la crèche du CHU et en école primaire. Ce suivi très fin et complet, semaine par semaine, de la circulation des principaux virus respiratoires chez les enfants a notamment permis « une détection très précoce de l’épidémie de grippe, puisque le virus est apparu dans cette crèche 6 semaines avant que le pic grippal de 2019 soit atteint en France métropolitaine ».

Détectable pendant des mois

Pour confirmer ces résultats, publiés dans la revue Emerging Infectious Diseases, l’équipe a testé sa méthode sur une trentaine de volontaires atteints de symptômes respiratoires variés. Parmi eux, des personnes infectées par le SARS-CoV-2, responsable du Covid-19. Une contamination confirmée au moyen du traditionnel écouvillon enfoncé dans le nez… et grâce aux mouchoirs usagés que les malades  avaient fourni en parallèle aux chercheurs.

« Tous les mouchoirs ont permis de détecter le SARS-CoV-2, et pour deux tiers d’entre eux, de manière plus tranchée que par la RT-PCR (technique de référence pour la détection du Covid, ndlr) ». Mieux encore : « Les mouchoirs testés ont été pour certains envoyés par courrier, conservés plusieurs jours et jusqu’à 6 mois à température ambiante : le génome viral y est resté détectable ».

Même si cette méthode a ses limites (il faut se moucher correctement, le travail en laboratoire d’analyses est un peu plus important…), elle est d’autant plus prometteuse que d’autres équipes ont déjà validé la « faisabilité générale de cette approche ». Un espoir sans doute partagé par les enfants… et leurs parents. Et une technique passablement plus accessible et moins onéreuse en termes de technicité.

  • Source : Université de Rennes – Avril 2023

  • Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Laura Bourgault

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