Désert médical : l’UFC-Que Choisir attaque l’Etat en justice
21 novembre 2023
L'UFC-Que Choisir a déposé un recours devant le Conseil d’Etat pour faire sanctionner l’inaction du gouvernement face aux déserts médicaux. L’association alerte sur l’aggravation de la fracture médicale en France.
Face à la dégradation de l’accès aux soins, l’UFC-Que Choisir a déposé un recours devant le Conseil d’Etat pour « pour faire constater et sanctionner la coupable inaction gouvernementale, et enjoindre l’État à prendre les mesures à la hauteur des enjeux ». L’union de consommateurs a publié mardi 21 novembre sa carte réactualisée de l’accès aux soins, après une première évaluation en 2021. L’UFC-Que Choisir a mesuré l’accès aux soins pour les médecins généralistes et trois spécialités en accès direct, les gynécologues, les ophtalmologues et les pédiatres.
Résultat : « 19,3 % des Français résident dans un désert médical (à plus de 45 minutes de chez eux -ndlr) pour l’ophtalmologie, 24,8 % des femmes et 28,9 % des enfants habitent respectivement dans un désert médical gynécologique et pédiatrique ». Du côté des médecins généralistes, 2,6 % de la population sont dans un désert médical, mais la situation est tendue pour 23,7 % des usagers.
En ne tenant compte que des spécialistes pratiquant le tarif de la Sécurité sociale, la proportion de la population rencontrant des difficultés d’accès grimpe à 88,4 % pour les gynécologues, 75,8 % pour les pédiatres, et 83,3 % pour les ophtalmologues. « Au global, ce sont 83 % de nos concitoyens qui vivent dans un désert médical pour au moins l’une des spécialités ! »
Trouver un médecin traitant : pas si simple !
Des bénévoles de l’association ont aussi contacté 2 642 médecins généralistes de 70 départements afin qu’ils deviennent leur médecin traitant. 51,6 % ont refusé, contre 44 % en 2019. Dans 74 % des cas, la raison avancée par les médecins est qu’ils suivent déjà trop de patients. 761 ophtalmologues ont été contactés pour une visite de contrôle : 28 % d’entre eux ont refusé, il fallait attendre 65 jours en moyenne pour ceux qui acceptaient.
L’UFC-Que Choisir avance plusieurs raisons à cette désertification médicale : hausse des besoins (hausse démographique et vieillissement de la population), départ en retraire des médecins du baby-boom, mauvaise répartition des professionnels libéraux et dépassements d’honoraires. « Près de 7 patientes sur 10 résident en désert médical en termes d’accès aux gynécologues en secteur 1 (sans dépassement d’honoraires) à moins de 45 minutes de chez elles, et près d’un enfant sur deux réside en désert médical pour ce qui est de l’accès aux pédiatres au tarif de la sécurité sociale », illustre l’UFC-Que Choisir. Autre enseignement de l’étude : « entre 2016 et 2020, la part des pédiatres et ophtalmologues pratiquant des dépassements d’honoraires a augmenté respectivement de 7 points pour atteindre 46,9 % et de 6 points, pour atteindre 64,3 % ».
L’UFC-Que Choisir propose entre autres de ne plus permettre aux médecins de s’installer en zone surdotées à l’exception du secteur 1 si nécessaire et de fermer l’accès au secteur 2 (honoraires libres). « Les nouveaux médecins ne devraient avoir le choix qu’entre un secteur 1 aux honoraires sans dépassements, mais revalorisés lorsque c’est nécessaire, et l’Optam, qui encadre les dépassements d’honoraires ». Pour rappel, lorsqu’un médecin souscrit à l’Optam, il s’engage à maîtriser ses dépassements d’honoraires.
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Source : UFC-Que Choisir, 21 novembre 2023
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Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet