Alzheimer: le lama au secours de l’Homme
21 juillet 2011
Si l’on s’en tient aux moyens actuellement disponibles, le diagnostic de la maladie d’Alzheimer reste aujourd’hui encore très difficile, voire impossible avant l’apparition de symptômes caractéristiques. La solution viendra-t-elle … du lama ? C’est ce qu’espèrent les partenaires d’une nouvelle aventure, qui associe le Centre de Recherche de l’Institut du Cerveau et de la Moelle épinière (IMC, CNRS/Inserm/UPMC), le Commissariat à l’Energie atomique (CEA), l’Institut Pasteur et l’Institut Roche.
Pourquoi le lama ? Parce que cet animal possède des anticorps très spéciaux. Plus petits que les nôtres, ils sont capables de traverser la barrière hémato-encéphalique (BHE), qui protège le cerveau mais permet aussi… d’y faire accéder certains médicaments. Un premier pas vers le diagnostic plus précoce de la maladie, au point de la détecter avant qu’elle n’apparaisse ?
L’Institut Roche de recherche translationnelle vient de lancer un projet de recherche sur 3 ans pour développer de nouveaux outils diagnostiques. Des « sondes » immunologiques devraient permettre de détecter les protéines caractéristiques des lésions cérébrales de la maladie d’Alzheimer, les protéines Tau.
Ces sondes seront composées d’anticorps spécifiques des protéines Tau, couplés à un produit de contraste. Celui-ci permettra de visualiser les fameuses protéines, grâce à l’Imagerie par Résonnance Magnétique (IRM). « Nous sommes en train de mettre au point les anticorps correspondant aux amas intercellulaires de protéine Tau et aux plaques amyloïdes », explique Pierre Lafaye, de l’Institut Pasteur. Il s’agit des deux types de lésions du tissu cérébral coexistant dans la maladie d’Alzheimer. « Grâce à des fragments des anticorps fabriqués par l’organisme du lama, associés à un produit de contraste, nous espérons être en mesure de visualiser les lésions au niveau du cerveau », ajoute-t-il. Chez la souris d’abord, puis « dans des échantillons de tissu cérébral humain post-mortem ».
La maladie d’Alzheimer affecte 860 000 patients en France. Leur nombre devrait dépasser les 2 millions d’ici à 2040. Etre capable de « détecter la maladie avant l’apparition des signes de démence et avant la perte des fonctions cognitives est une priorité pour les malades et pour les proches », rappelle-t-on au laboratoire Roche. Le projet, mené conjointement par cette entreprise privée et des instituts de recherche publique (l’Institut Pasteur, le Commissariat à l’Energie Atomique et le Centre de Recherche de l’Institut du Cerveau et de la Moelle épinière) devrait à terme « permettre de mieux évaluer la progression de la maladie, ainsi que les effets de nouvelles thérapies en cours de développement ».
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Source : Roche, Institut Pasteur, CEA, Centre de Recherche de l’Institut du Cerveau et de la Moelle épinière (IMC, CNRS/Inserm/UPMC), 18 juillet 2011 ; interview de Pierre Lafaye de l’Institut Pasteur, 19 juillet 2011