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Le diabète gestationnel correspond à une augmentation du taux de sucre dans le sang (hyperglycémie) qui survient pendant la grossesse et disparaît juste après l’accouchement. « Ce diagnostic ne doit pas être oublié une fois la grossesse terminée, rappelait la Dre Perle Sayedoff, médecin nutritionniste, lors du congrès annuel des diabétologues français (SFD, 1-4 avril 2025) s’appuyant sur les dernières publications scientifiques. Une femme qui a présenté un diabète gestationnel a un risque élevé d’en développer un à nouveau lors d’une prochaine grossesse, mais aussi de souffrir plus tard de maladies cardiovasculaires. Le suivi doit donc se poursuivre juste après l’accouchement et durant plusieurs décennies. »
Les femmes ayant présenté un diabète gestationnel (DG) ont en effet un risque dix fois plus élevé de développer un diabète de type 2, comparé aux autres femmes. Leur risque de syndrome métabolique est multiplié par deux à cinq, et celui de maladies cardiovasculaires est presque doublé.
Concernant le diabète de type 2, une méta-analyse récente portant sur 67 000 femmes ayant présenté un diabète gestationnel et environ 126 000 femmes sans diabète gestationnel a révélé que les premières ont un risque relatif estimé à 9,51 fois plus élevé de développer un diabète durant un suivi de 5 à 10 ans. Ces patientes doivent donc être surveillées de près et encore plus celles qui ont certains facteurs favorisants, désormais reconnus : un indice de masse corporelle élevé, un antécédent familial de diabète, un âge avancé, ainsi que le fait d’avoir déjà des enfants. Des niveaux élevés de glucose à jeun, une HbA1c élevée et l’utilisation d’insuline pendant la grossesse augmentent également ce risque.
Concernant le risque de syndrome métabolique – association de plusieurs troubles liés à la présence d’un excès de graisse à l’intérieur du ventre -, le risque relatif pour les femmes ayant des antécédents de diabète gestationnel d’en développer un est estimé à 3,96, soit presque 4. Or, « cette association avec le diabète gestationnel augmente le risque de complications cardiovasculaires », commente la spécialiste.
Une femme sur deux ayant présenté un diabète gestationnel risque d’en développer un à nouveau lors d’une grossesse suivante. Ce risque varie de 30 à 84 % selon les études. Une étude française menée sur 697 patientes a estimé ce taux à 47,2 %.
Une nouvelle étude montre que même si ces femmes qui ont eu un diabète gestationnel n’ont pas développé de diabète de type 2, qu’elles ont un poids normal et une glycémie revenue à la normale, elles présentent tout de même un risque plus élevé de calcifications coronaires (témoignant d’un risque coronarien accru) que celles qui n’ont pas eu de diabète gestationnel. Par conséquent, le diabète gestationnel en soi est un facteur de risque pour les maladies cardiovasculaires. Et ce n’est pas parce qu’une femme revient à une glycémie normale après l’accouchement que le risque est éliminé.
En raison du risque accru de développer un diabète de type 2 après un diabète gestationnel, « un dépistage est recommandé lors de la consultation postnatale, avant une nouvelle grossesse, puis tous les un à trois ans, en fonction des facteurs de risque (obésité, traitement par insuline, glycémie limite, hypertension artérielle, etc.), énumère la Dre Perle Sayedoff. En cas de facteurs de risque, un suivi plus rapproché est nécessaire ». Ce suivi doit être maintenu pendant au moins 25 ans !
Le dépistage peut être réalisé par une mesure de la glycémie à jeun ou un test de tolérance au glucose par voie orale (HGPO).
Source : Suivi du congrès de la Société francophone du diabète, session du 4 avril 2025 le diabète gestationnel en 2025 ; Un diabète gestationnel récidive-t-il systématiquement ? Médecine des Maladies Métaboliques. 2015;41(S1):A43 ;Vambergue A. Devenir à long terme après un diabète gestationnel : impact pour les mères et les enfants. Médecine des Maladies Métaboliques. 2024;18(2):105-112 ; Vounzoulaki E, BMJ. 2020 May 13;369:m1361 ; Diabète gestationnel, Journal de gynécologie obstétrique et biologie de la reproduction 2010:39/8S2:338–42.
Ecrit par : Hélène Joubert ; Édité par Emmanuel Ducreuzet