Contre l’obésité, changer l’image du gras sucré…

18 mars 2005
Sodas, confiseries, hamburgers? Contre l?obésité des enfants, faut-il taxer les sucres et graisses ? La question a été récemment évoquée au Royaume-Uni et en Suisse. En France pour le moment, priorité est donnée à l?information et à l?éducation alimentaire. Une tendance qui paraît réellement l?emporter, à en croire la teneur des travaux scientifiques présentés dans le cadre du MEDEC. «Je ne pense pas que le fait de taxer ces produits soit la bonne façon d?agir» nous a expliqué le Pr Jean-Philippe Girardet, pédiatre à l?hôpital Trousseau de Paris. «Car le problème n?est pas uniquement d?ordre alimentaire. Le but, c?est vraiment de parvenir à faire changer les habitudes. C?est l?objectif du ?Plan National Nutrition Santé? (PNNS). Cela prendra du temps, mais c?est nécessaire». Pour Jean-Philippe Girardet, l?image véhiculée par ces produits est également au coeur du problème. Pour la modifier, il propose de s?inspirer de la lutte contre le tabagisme. « La consommation de tabac a certes commencé à chuter quand les prix ont augmenté. Mais aussi et surtout quand l?image de la cigarette a évolué. Par exemple, il faudrait que les sodas soient associés à l?obésité. Et non pas à la jeunesse, la gaieté et la convivialité ». Et que dans certains restaurants, leur prix ne soit plus artificiellement maintenu en dessous de celui d?une simple bouteille d?eau minérale? CHOLESTEROL: QUAND l'HYGIENE DE VIE ET LES STATINES NE SUFFISENT PLUS... «Aujourd?hui des traitements efficaces permettent vraiment d?abaisser le taux de LDL-cholestérol chez les patients qui présentent un risque cardio-vasculaire élevé. Mais ils ne donnent pas le droit de s?affranchir d?une bonne hygiène de vie». Dans le cadre du MEDEC qui se tient actuellement le Dr Pierre Sabouret, cardiologue au CHU Pitié Salpêtrière (Paris) a largement insisté sur les règles hygiéno-diététiques. Avec à la base, un régime alimentaire pauvre en graisses et la pratique régulière d?exercice physique. «Si ces recommandations sont nécessaires, elle peuvent toutefois s?avérer insuffisantes chez les patients à haut risque cardio-vasculaire» poursuit-il. La mise en place d?un traitement s?avère alors essentielle pour faire chuter le taux de LDL-cholestérol, le mauvais cholestérol. «Dans ce cas, les statines sont indispensables en premier recours». Mais ces médicaments, si efficaces soient-ils, affichent aussi leurs limites. «A partir d?un certain stade, nous nous retrouvons face un ?effet de plateau?» explique Pierre Sabouret. «C?est-à-dire que le taux de LDL-cholestérol ne diminue presque plus. De seulement 6% supplémentaire en doublant la dose». Et si le taux ne diminue plus, c?est tout simplement parce que les statines ne bloquent que l?une des deux portes d?entrée du cholestérol dans l?organisme : sa fabrication par le foie. «L?ezetimibe, un traitement qui bloque l?absorption intestinale du cholestérol, permet désormais s?il est associé à une statine, d?obtenir une diminution supplémentaire de 18% à 25%. C?est donc une bonne performance mais répétons-le, à condition d?avoir mis en place au préalable une bonne hygiène de vie». QUAND BEBE A MAL A SON LAIT L?allergie au lait de vache est une pathologie fréquente, qui touche souvent les nourrissons. En France, entre 2% et 3% des enfants de moins d?un an seraient concernés. Mais dans 80% des cas, la guérison survient de manière spontanée, vers l?âge de 2 ans. Les allergies aux protéines de lait de vache (APLV) sont en général détectées durant les premières semaines de vie de Bébé, dont l?organisme est alors très fragile. Pourquoi ? Parce que le lait de vache est très riche en protéines potentiellement allergisantes. A titre de comparaison, le lait maternel en renferme 3 fois moins. Les protéines les plus allergisantes sont «les caséines, la bétalactologlobuline et l?alphalactalbumine» nous a confié dans un entretien exclusif au MEDEC le Dr Fabienne Rance, pédiatre allergologue au CHU de Toulouse. Mais comment savoir si votre enfant souffre d?allergie ? En fait les symptômes sont assez variés. «Diarrhées, douleurs ou crampes abdominales, vomissements, eczéma ou autres affections cutanés» doivent vous alerter. Et plus rarement une constipation sévère, avec des selles tous les 3 jours par exemple. Dans tous les cas «une visite chez le médecin s?impose, même si les parents n?ont qu?un simple doute». Cependant il arrive aussi, plus rarement il est vrai, que l?APVL se manifeste par une toux chronique, ou un asthme du nourrisson. Voire des otites à répétitions ! Le problème majeur de l?allergie au lait de vache ?et de toutes les allergies d?une manière générale-, est qu?elle peut prendre des formes très diverses. Parfois une association de tout petits symptômes ? diarrhée chronique, l?enfant qui ne fait toujours pas ses nuits? - doit y faire penser. Et inutile de se lancer dans l?achat de lait de soja, «ce n?est pas une alternative et nous le déconseillons avant l?âge de 6 mois». LA MEDECINE DU TRAVAIL SE REFAIT UNE SANTE! «La médecine du travail est morte, vive la santé au travail !». Au MEDEC, il y avait foule au forum consacré à la santé en milieu professionnel. Nouvelles réglementations, nouvelles perspectives, voilà un domaine en pleine effervescence. «Nous nous dirigeons vers une approche nouvelle de la santé au travail» explique Jean-Louis Pleynet, Président de l?Association française des Techniciens et Ingénieurs de sécurité et des Médecins du travail (AFTIM). Le tournant aura été la réforme de la médecine du travail, inscrite dans la loi de modernisation sociale de janvier 2002. Avec notamment sa « mesure phare » concernant la visite médicale, qui se déroule désormais tous les deux ans au lieu d?une fois l?an. Ce n?est pas tout. Cette loi vise véritablement à transformer les « services de médecine du travail » en « services de santé au travail ». «Auparavant, la médecine du travail était articulée exclusivement autour du rôle de prévention du médecin» poursuit Jean-Louis Pleynet. «La réforme vise donc à faire travailler ensemble tous les intervenants, que ce soient les médecins donc mais aussi les infirmières, les ergonomes, les ingénieurs? C?est en fait de s?intéresser à l?Homme et à son environnement de travail». Autre tendance nouvelle qui se dessine, au moins dans les grandes entreprises : la prise en compte globale de la santé du salarié : maladies cardiovasculaires, tabagisme, diabète mais aussi prise en charge de l?urgence et notamment de l?arrêt cardio-respiratoire. «C?est pourquoi l?implantation de défibrillateurs semi-automatiques dans les entreprises est très importante. Quelques unes le font, mais il faut vraiment que cela se développe». SUICIDE: UNE AUTOPSIE POUR REDUIRE LES RISQUES... Avec près de 11 000 morts par an, la France est l?un des pays industrialisés les plus concernés par le suicide. Sa prévention est même devenue un enjeu majeur de santé publique. Un nouvel outil à l?étude en France, a d?ailleurs été présenté lors du MEDEC. Son nom ? « L?autopsie psychologique ». Cette technique est fondée sur le recueil minutieux d?informations dans l?entourage du défunt. L?objectif est d?abord de comprendre l?état d?esprit de la victime au moment de son acte et les circonstances de ce dernier. Puis d?obtenir des données généralisables, susceptibles d?être exploitées dans une optique de prévention. Sur demande de la Direction générale de la Santé (DGS), l?INSERM vient de publier une expertise collective sur ce sujet. Un travail riche en enseignements qui pose les bases d?une éventuelle application dans notre pays. «Par rapport à l?épidémiologie, cette approche précise certains facteurs de risque» a expliqué Agnès Batt, chargée de recherche à l?INSERM. «Par exemple, on se rend compte que la schizophrénie est présente dans 2% à 12% des cas. La dépendance à l?alcool dans 15% à 56% des cas. Chez les sujets âgés, nous apprenons aussi que l?existence d?un personnalité psychorigide représente un vrai facteur de risque». Aujourd?hui cette méthode est pratiquée dans quelques pays, comme la Finlande, le Canada et l?Australie. «Mais encore très peu dans les pays latins» poursuit Agnès Batt. «L?entourage de la personne décédée représente une source d?information primordiale. Il est enfin évident que les entretiens devront être conduits par des professionnels de qualité et selon une procédure bien spécifique. Car n?oublions pas que les proches sont également à risque de suicide»?
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