Diabète : Moyen-Orient et Afrique dans l’œil de l’épidémie

02 janvier 2007
Chaque minute dans le monde, 6 personnes meurent du diabète... Directement, ou indirectement par suite d’une complication. Au total, cette maladie serait donc à l’origine de près de 4 millions de décès par an ! C’est-à-dire autant que le SIDA... Ces chiffres sont avancés par l’Organisation mondiale de la Santé et par la Fédération internationale du Diabète, la FID. Une véritable hécatombe, qui d’ailleurs n’est pas près de s’arrêter. Au contraire même, puisque la prévalence du diabète à l’échelle mondiale progresse de façon alarmante. En 2000, il y avait environ 171 millions de diabétiques. Ils sont aujourd’hui 246 millions. Et d’ici 2025, ce chiffre devrait atteindre 380 millions ! En cause pour l’essentiel, une hygiène de vie insuffisante... La FID est catégorique, « 80% des diabétiques sont également obèses ». D’où l’importance d’une meilleure hygiène de vie : une alimentation équilibrée pour contrôler le taux de sucre dans le sang (la glycémie), une meilleure gestion des stress, un suivi médical de qualité, l’arrêt impératif du tabac et, bien sûr, une activité physique régulière... En fait, il existe deux diabètes -les diabètes de types I et II- qui recouvrent des maladies différentes. Le premier, qu’on appelait autrefois le diabète insulinodépendant, correspond à un déficit de la production d’insuline dans le corps. Il se manifeste dès le plus jeune âge mais est très minoritaire : environ 10% des cas de diabète dans le monde. Le diabète de type II, lui, apparaît plus tard dans la vie et ne cesse de s’étendre. Trop sucré, le monde arabe ! Or le monde arabe est frappé de plein fouet par ce fléau. Au Moyen-Orient, 9,2% de la population en serait atteinte. Soyons-en conscients, c’est le record mondial. Et près de 50% des 40-59 ans seraient touchés. Pour en revenir au monde arabe, plus de 24% des Qataris seraient diabétique. Pratiquement une personne sur quatre ! Quant aux pays du Maghreb, ils ne sont pas en reste. L’OMS estime qu’au moins 4,5% des plus de 20 ans y sont atteints de diabète de type II. Un pourcentage qui devrait monter à 6% voire 7% dès 2025. Au Maroc, c’est 8 % de la population qui en souffrirait. Soit 2 millions et demi de personnes sur un total de 30 millions. Cette forme de diabète apparaît généralement autour de la quarantaine, mais la tendance est très marquée depuis quelques années, au « rajeunissement » de ces malades. Il y a désormais bien des adolescents qui présentent la maladie sous cette forme. En cause semble-t-il, la progression des modes alimentaires américains, extrêmement déséquilibrés. Car le diabète de type II ne correspond pas à un manque d’insuline mais à un défaut dans l’utilisation de cette dernière par l’organisme. Ce diabète, souvent appelé « gras », est étroitement lié à notre mode de vie. Notre sédentarité croissante est aggravée par une alimentation trop riche en graisses et en sucres. Avec à la clé de sérieuses complications vasculaires et cardiaques. Afrique : 15 millions de diabétiques en 2025 Le continent africain n’échappe pas à la montée en puissance du diabète dans le monde. Déjà durement touché par le SIDA et le paludisme, il doit aujourd’hui faire face à un nombre croissant de diabétiques. Comme en Ouganda, qui compte plus d’un million de malades sur une population de 28 millions ! En cause nous l’avons vu, la généralisation du mode de vie occidental. Avec son corollaire, l’obésité. En 1972, seuls 254 Ougandais souffraient de diabète. Comme ils sont désormais plus d’un million, il n’est pas étonnant que le ministère de la santé estime que « le problème est sérieux. Les gens ont changé leur style de vie, déclarent les autorités. Ils font moins d’exercice physique. Au lieu de marcher, ils prennent leur voiture ». Et comme dans les pays les plus riches, un malade sur deux ignore qu’il est diabétique. A en croire un spécialiste ougandais, « la seule explication à cette quasi épidémie de diabète tient aux changements de régime alimentaire et à la sédentarité ». Il n’y aurait donc pas de spécificité propre à la population ougandaise ? Ougandaise, peut-être pas. Mais africaine, cela se pourrait bien. Les spécialistes évoquent de plus en plus un diabète de type 1B, connu sous le nom de « diabète africain ». De quoi s’agit-il au juste ? Il s’agit d’un diabète atypique, qui touche particulièrement les femmes et les hommes d’origine sub-saharienne. La maladie, qui ressemble au départ au diabète de type 1, évolue ensuite progressivement vers un diabète de type II. D’après le Pr Jean-François Gautier, diabétologue à l’hôpital Saint-Louis en France, le continent africain « doit faire de la prise en charge du diabète une priorité de santé publique au même titre que le SIDA, la tuberculose et le paludisme. » Et pour cause. Comme dans les pays riches, le nombres des personnes en surpoids ou obèses explose. La Fédération internationale du Diabète estime que le nombre des malades passera de 7 millions en 2003 à 15 millions en 2025 ! Le problème, c’est que le continent noir n’est pas préparé pour relever ce défi de santé publique. Manque de structures adaptées, de personnel qualifié, de moyens pour dépister la maladie... L’Afrique peine à contenir l’épidémie. Or justement, la prise en charge du diabète passe d’abord par le dépistage ! Seule une prise en charge rapide – régime alimentaire adapté, traitement anti-diabétique - et un contrôle précoce du cholestérol préviendront les risques vasculaires liés à la maladie. Sans oublier bien sûr, de traiter votre diabète et de surveiller vos yeux… et pieds. Le diabète provoque en effet des complications vasculaires qui peuvent rendre aveugle. Et il augmente aussi très considérablement les risques de développer une plaie, avec des complications sérieuses... Celles-ci peuvent aller jusqu’à l’amputation. D’abord d’un pied, puis d’une jambe, puis de l’autre… Vous êtes diabétique ? Faites examiner vos pieds au moins une fois par an par votre médecin. Et puis… lancez-vous dans le sport ! Car contrairement aux idées reçues, les diabétiques doivent faire du sport. Surtout s’ils sont en surpoids. Marcher, courir ou jardiner, bouger un minimum permet de baisser la glycémie, le taux de sucre dans le sang. Pour les diabétiques, c’est un souci majeur. Or il ne peut être réglé par les seuls régimes alimentaires, si équilibrés soient-ils. Si vous souffrez d’un diabète de type II, vous n’avez besoin de prendre aucune précaution particulière. Hormis comme tout un chacun, une visite médicale préalable. Pour les diabétiques de type I en revanche, la dépense supplémentaire d’énergie peut poser problème. Mais ne vous inquiétez pas ! Le médecin vous proposera un régime adapté. Avec au menu des glucides complexes - pâtes, féculents... - avant l’effort, et des glucides simples pendant l’effort s’il doit être prolongé. Quant au choix du sport, l’éventail est large. Natation, cyclisme, gymnastique... n’hésitez pas à vous lancer. Votre corps n’attend que ça ! Pensez aussi aux petits « trucs » qui font la différence. Par exemple de bouder la voiture, de monter les escaliers ou de descendre un arrêt de bus avant le vôtre pour continuer à pied... Le tout bien sûr, sans cigarette.
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