BPCO: on a l’âge de son souffle !

30 juin 2008

Même si elle est peu connue du public, la broncho-pneumopathie chronique obstructive (la BPCO) n’en tue pas moins chaque année 16 000 personnes en France! Pratiquement quatre fois plus que les accidents de la route… Dans le même temps, environ 50 000 asthmatiques sont hospitalisés. Alors qu’aujourd’hui les médecins disposent de traitements efficaces, près d’un asthme sur deux et deux BPCO sur trois ne sont pas identifiés ou le sont trop tard. Et pourtant, dans les deux cas, le diagnostic, est relativement simple. Pour l’essentiel, il repose sur la mesure du souffle.

Un examen simple et rapide, que malheureusement trop peu de médecins généralistes pratiquent systématiquement. C’est pourquoi, le programme Capital Souffle est particulièrement centré sur les professionnels de santé. Cette année encore, les associations de patients et de professionnels de santé, avec le soutien de la Direction générale de la Santé (DGS) et en partenariat avec le laboratoire GlaxoSmithKline, se mobilisent à nouveau pour développer la mesure du souffle. « Nous devons convaincre les médecins de mesurer le souffle de leurs patients. Notamment les fumeurs, les personnes essoufflées ou celles qui présentent des symptômes d’asthme », nous explique le Pr Etienne Lemarié, président de la Société de Pneumologie de Langue Française (SPLF). « Il est indispensable aujourd’hui, de former les étudiants en médecine à la mesure du souffle. Jusqu’ici l’appareillage était compliqué, et cher. Ce n’est plus le cas. Nous disposons désormais de petits appareils portables qui n’existaient pas il y a encore quelques années ». Le plan BPCO 2005-2010 stipule d’ailleurs, que « le diagnostic précoce de la BPCO impose une généralisation de la mesure du souffle chez le médecin généraliste. » L’enjeu est de taille, car la BPCO se caractérise par l’obstruction des bronches et la destruction du tissu pulmonaire, en rapport avec l’emphysème. « Les premiers signes sont extrêmement insidieux et malheureusement, ils ne se détectent pas très facilement. Au début, le patient souffre de gêne respiratoire, d’essoufflement, d’accès de toux. Puis il ressent de la fatigue », explique Jean-Claude Roussel, président de la Fédération Française des Associations et Amicales de Malades Insuffisants ou Handicapés Respiratoires (FFAAIR). Des symptômes d’ailleurs, trop souvent banalisés… « Les patients trouvent toujours une explication à un accès de fatigue, à un essoufflement, à une toux. Et ils ne vont pas consulter », affirme Jean-Claude Roussel. En réalité, le tabagisme qu’il soit masculin ou féminin, est la principale cause de BPCO. Pour le Pr Bruno Housset, président de la Fédération Française de Pneumologie « plus il est intense, plus le risque est élevé. Il existe aussi des facteurs de pollution, essentiellement professionnels. Mais les fumeurs ne sont pas tous égaux face à ce risque. Sur dix fumeurs, trois à quatre vont développer une BPCO. Le terrain génétique joue donc un rôle. »

BPCO : tout faire pour ne pas en arriver à l’oxygénothérapie

A long terme, la maladie expose à un handicap réel. « Le stade le plus important est l’insuffisance respiratoire », explique Jean-Claude Roussel. « Le patient va être mis sous oxygène. Vous avez des tuyaux dans le nez, et vous vous trimballez avec de l’air en bouteille pratiquement 15 heures sur 24. » Le Dr Yves Grillet, Président de l’Association BPCO, confirme cette perspective peu souriante. « Si la maladie n’est pas diagnostiquée à temps, elle peut être source d’un gros handicap en rapport avec l’insuffisance respiratoire chronique. Avec une altération importante de la qualité de vie, notamment à cause des exacerbations fréquentes. Lesquelles sont à l’origine de nombreuses hospitalisations. » Ces exacerbations la plupart du temps, sont dues « à des infections virales et quelquefois bactériennes. Dans un certain nombre de cas, la pollution atmosphérique peut aussi en être la cause. », explique le Pr Gérard Huchon, Président du Comité National contre les Maladies Respiratoires (CNMR). L’oxygénothérapie n’est pourtant pas inévitable. Bien au contraire. Mais pour ne pas en arriver là, il est indispensable de diagnostiquer la maladie précocement. C’est d’autant plus souhaitable que les traitements actuels de la BPCO visent à améliorer les symptômes. Pour Yves Grillet, « le plus important, c’est d’obtenir le sevrage tabagique. Nous devons aussi convaincre les patients de poursuivre une activité physique. Car la BPCO devient vite une maladie générale, avec l’apparition de problèmes cardiovasculaires et d’une fonte musculaire parfois importante. Les malades entrent alors dans une spirale infernale. Plus ils sont déconditionnés à l’effort moins ils en font, et plus ils éprouvent de difficulté à en faire. Il est donc primordial de conserver une activité physique pour retrouver une certaine autonomie. » La solution donc, c’est encore une fois le diagnostic précoce, fondé sur la mesure du souffle. Un examen qui selon le Pr Etienne Lemarié, doit être répété tout au long de la maladie. « Les résultats d’une mesure du volume expiratoire forcé par seconde (VEMS) permettent au médecin de mesurer la sévérité d’une BPCO, et son évolution ». C’est un peu comme la prise de la tension artérielle pour un patient souffrant d’hypertension artérielle.

Asthme : l’éducation pour sortir du déni

La mesure du souffle est elle tout aussi indispensable pour diagnostiquer un asthme. En revanche, le suivi de la maladie sous traitement repose davantage encore sur le dialogue avec le patient. Car l’objectif est de savoir si la maladie est bien contrôlée par le traitement de fond. « Nous avons à notre disposition des questionnaires, aussi bien pour les enfants que pour les adultes, permettant de vérifier si l’asthme est bien contrôlé. Un patient qui dort bien, qui peut courir, qui n’est pas essoufflé, qui ne prend pas systématiquement des broncho-dilatateurs de secours et qui n’a pas de crises, c’est un patient dont la maladie est bien contrôlée », souligne le Pr Daniel Vervloet, président de l’Association Asthme et Allergies. Signalons d’ailleurs l’existence d’un questionnaire dûment validé destiné aux petits asthmatiques de 4 à 11 ans. Aux enfants, il suffit de répondre à quatre questions simples, clairement illustrées. Quant aux parents, ils sont aussi appelés à participer. Trois questions portant sur les symptômes de la maladie leur sont dédiées. Le score obtenu permet d’évaluer le niveau de contrôle de l’asthme, et d’en informer le médecin. Ce dernier peut alors modifier ou non, le traitement. L’intérêt, c’est qu’il pourra ensuite demander de renouveler le test, et suivre l’évolution de la maladie dans le temps. Vous pouvez télécharger ce questionnaire en cliquant ici. En réalité, le contrôle de l’asthme est l’objectif primordial du traitement. Sa juste appréciation permet au médecin d’ajuster ce dernier. Or « seulement la moitié des asthmatiques suivent bien leur traitement. Il est donc impératif d’éduquer les patients, d’établir un projet thérapeutique ». Une éducation qui permettra enfin aux patients de sortir du déni qui entoure trop souvent l’asthme. Pour davantage d’informations : www.capitalsouffle.fr.
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