Le vin, une douce liqueur pour le cœur
30 janvier 2014
Les vins rouges contiennent davantage de polyphénols, bons pour le cœur. ©Phovoir
Un bon Bordeaux pour accompagner votre dîner ou un Bourgogne fruité avec le fromage. Le vin est en France une boisson nationale, une histoire de culture même. De culture agricole bien sûr mais aussi de lien social. Ce n’est pas tout, cet alcool est également un des éléments de notre paradoxe. Celui qui fait de nous un peuple appréciant la bonne chère et conservant malgré tout un cœur en bonne santé. Le Pr André Vacheron, cardiologue et ancien président de l’Académie nationale de médecine, est revenu sur l’histoire des bienfaits du vin pour notre cœur à l’occasion de la table ronde sur le thème « Vin et santé » organisée le 29 janvier par l’Académie du Vin de France.
Le vin est une boisson très ancienne, « mentionné dans les tombes et les temples égyptiens vieux de 4 000 ans avant J.C. », raconte André Vacheron. Il a toujours eu bonne presse puisque déjà au 4e siècle avant notre ère, Hippocrate, prince des médecins, vantait ses vertus médicinales, tout en en condamnant l’excès. Le message a peu changé depuis. Tout au long du 20e siècle, nombreux ont été les scientifiques à mener des études concluant aux bienfaits de cette boisson alcoolisée.
En 1994 par exemple, Serge Renaud, chercheur français à l’INSERM, publiait notamment « l’étude lyonnaise ». Elle concluait à « l’effet bénéfique d’une consommation modérée de vin ». Par la suite, dans une émission sur CBS restée célèbre, et réalisée avec Serge Renaud, « les Américains font état du paradoxe français », rappelle le Pr Vacheron. Ainsi, « en dépit de facteurs de risque importants, d’une alimentation riche en beurre, en fromages et en graisses saturées, la mortalité cardiovasculaire en France est l’une des plus faibles au monde après la japonaise. »
Une autre étude, Monica (Monitoring Cardiovascular Disease), menée entre 1994 et 1999 par l’OMS, confirme la diminution de la mortalité cardiovasculaire chez les buveurs modérés de vin. Entre 1 et 3 verres par jour. « Il rejoint ainsi les recommandations de Saint Benoit à ses moines, une hémine (une carafe en faïence munie d’un couvercle) par jour », s’amuse le Pr Vacheron.
Les polyphénols magiques
Qu’est-ce qui rend le vin si bon pour le cœur ? Et surtout, comment expliquer sa supériorité sur les autres alcools ? « Par la présence en quantité plus importante de polyphénols, connus pour avoir in vitro des propriétés antioxydantes », explique André Vacheron. Ces derniers protègent le cœur du développement des plaques d’athérosclérose qui bouchent peu à peu les artères et augmentent le risque d’accident cardiovasculaire.
« Dans la grande famille des polyphénols, la quercétine et surtout le resvératrol, présents dans le vin rouge à hauteur de 5mg/l seraient responsables des effets bénéfiques du vin. » La dose bénéfique serait celle obtenue en buvant 3 à 4 verres de vin rouge par jour.
« Les mécanismes de l’action du vin sur la paroi artérielle sont certainement multiples », souligne-t-il. Toutefois, « la diminution de l’athérogenèse et la prévention de la thrombose me paraissent les plus importants. » Ils sont l’apanage des vins rouges produits en barriques de chêne avec des périodes de fermentation de quelques semaines permettant la pleine extraction des tanins. Pour en bénéficier, choisissez donc un bon Cabernet sauvignon, un Merlot et un Pinot noir. Les plus riches en tanins. Sans oublier de rappeler les effets néfastes d’un excès. Parmi eux, la consommation chronique régulière d’alcool en quantité importante favorise l’hypertension artérielle. Evidemment mauvaise pour le cœur…
Ecrit par : Dominique Salomon – Edité par : Emmanuel Ducreuzet
-
Source : Présentation du Professeur André Vacheron, membre de l’Académie des Sciences morales et politiques, ancien président de l’Académie nationale de Médecine au cours de la table ronde à l’Académie du Vin de France, 29 janvier 2014