Ebola : en RDC, une situation bientôt « incontrôlable » ?
20 mai 2019
Motortion Films/shutterstock.com
Près de 2 000 cas, plus de 1 200 décès. C’est le triste constat de la flambée d’Ebola qui sévit actuellement en République démocratique de Congo. Une épidémie – d’ores et déjà annoncée comme la deuxième plus grave de l’histoire du virus – qui semble échapper à tout contrôle, dans ce pays gangréné par les conflits entre groupes armés.
La situation d’Ebola en République démocratique de Congo (RDC) est-elle devenue incontrôlable ? C’est l’amer constat dressé en fin de semaine dernière par le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur de l’Organisation mondiale de la Sante (OMS). « Je suis très inquiet », avait-il twitté le 10 mai. « Des séries d’attaques (notamment contre des centres de soins, ndlr) empêchent toute intervention. La tragédie est que nous avons les moyens techniques pour arrêter Ebola. Mais tant que toutes les parties ne mettront pas fin aux attaques, il sera très difficile de mettre fin à cette épidémie. »
Conflits et croyances…
Bien que la situation en matière d’insécurité se soit depuis, légèrement calmée dans l’est de la RDC, la transmission d’Ebola continue de s’intensifier dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri avec plus d’une centaine de nouveaux cas confirmés la semaine dernière.
En cause, les attaques donc, mais aussi l’existence de communautés hésitant à participer à la lutte contre Ebola. En effet, des rumeurs se répandent au rythme de la flambée. « C’est un délire total », déplore Leila Zerrougui, chef de la Mission des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUSCO). « On dit : ‘il n’y a pas de maladie, on veut nous empoisonner, on est venu pour gagner de l’argent sur nous’ ». Ainsi, le personnel soignant est souvent pris pour cible. Le 19 avril, un hôpital a été attaqué. Un épidémiologiste de l’OMS avait alors été tué, contraignant de nombreuses organisations humanitaires à réduire et revoir leur présence sur le terrain. « C’est vraiment incroyable que l’on puisse s’attaquer à celui qui vient vous soigner », continue Leila Zerrougui.
Selon elle, « les leaders d’opinions et les responsables des communautés doivent changer d’attitude et de posture face à la riposte à Ebola. » C’est seulement à cette condition que les équipes qui luttaient contre le virus et « qui sont parties peuvent revenir » pour éradiquer l’épidémie, a-t-elle prévenu.
Une partie pas gagnée d’avance
« La situation est bien plus grave que ne le suggère la statistique des 1 200 décès », alerte David Miliband, président de l’ONG International Rescue Committee dans les colonnes du Guardian. « Le danger est que le nombre de cas devienne incontrôlable, faisant de cette épidémie la plus grave de l’histoire. Pire que celle qui a dévasté trois pays d’Afrique de l’Ouest entre 2013 et 2016. »