Ebola : une variante du virus en Guinée
23 avril 2014
Le laboratoire P4 Jean Mérieux est un laboratoire de haut confinement dédié à l’étude des agents pathogènes de classe 4, caractérisés par un taux de mortalité très élevé. ©Inserm/Guénet François
Le virus à l’origine de l’épidémie de fièvre hémorragique qui sévit actuellement en Guinée est une variante de l’Ebola-Zaïre. Très proche de la version la plus mortelle d’Ebola, cette souche a été analysée dans le laboratoire P4 Jean Mérieux à Lyon.
L’ARN (acide ribonucléique) du virus Ebola a été extrait des échantillons sanguins prélevés sur les victimes de l’épidémie guinéenne. Il a ensuite été amplifié et séquencé par les équipes du Centre national de référence (CNR) des fièvres hémorragiques virales, à Lyon. « Ces séquences ont été comparées à 48 génomes entiers (de virus Ebola n.d.l.r.) déjà connus », explique Hervé Raoul, directeur du laboratoire P4, dans lequel les analyses ont été réalisées. Les résultats ont montré 97% de similitudes avec les souches identifiées en République démocratique du Congo (RDC) en 1976 et 2007, et au Gabon en 1994 et 1996.
« Il s’agit d’un isolat différent du virus Ebola Zaïre », précise le Dr Delphine Pannetier, responsable Diagnostic, Expérimentation in vitro et formation au CNR des Fièvres hémorragiques virales. En d’autres termes, « c’est une évolution naturelle du virus dans son environnement, ayant amené à ses caractéristiques propres. » Cette souche guinéenne du virus appartient donc bien à l’espèce Zaïre ebolavirus.
Peu d’information sur la nouvelle souche
« Ces résultats démontrent que nous sommes face à l’émergence d’une nouvelle forme de ce virus en Guinée », indique Hervé Raoul. Tous les cas découverts dans ce pays depuis décembre 2013 sont causés par la même souche, provenant de la faune sauvage. En effet, « il semblerait qu’une seule introduction de l’animal à l’homme soit à l’origine de cette épidémie », estime-t-il.
« L’épidémie n’étant encore pas terminée en Guinée, on ne sait pas si sa virulence ou sa contagiosité sont différentes des autres souches », indique toutefois le Dr Pannetier. « Il faudra attendre le résultat des investigations épidémiologiques menées sur le terrain pour connaître les spécificités de ce virus en terme de symptômes, mortalité et transmission interhumaine. »
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Source : INSERM, Institut Pasteur, 18 avril 2014 – interview du Dr Delphine Pannetier, responsable Diagnostic, Expérimentation in vitro et formation au CNR des Fièvres hémorragiques virales, Laboratoire P4 - Inserm Jean MERIEUX, 22 avril 2014
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Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet