











La dysfonction érectile donne à l’homme un sentiment d’échec et un mal-être profonds. Le Viagra, si prometteur, a malheureusement atteint ses limites chez certains patients, dont le moral n’en a été que plus abattu. Ni très surprenant, ni anormal…
Tout le monde sait ce qu’est l’impuissance. En médecine, on l’appelle ” dysfonction érectile ” tant est grande la stigmatisation attachée au terme populaire. Elle se définit comme ” l’incapacité permanente ou répétée chez l’homme, d’obtenir ou de maintenir une rigidité pénienne suffisante pour l’accomplissement de l’acte sexuel “.
Même sans aller dans un dictionnaire, il est évident que ce type de trouble – pourtant très fréquent – mine l’estime de soi. Dans les colonnes du British Medical Journal l’étude psychologique de 40 quinquagénaires qui en sont atteints a fait ressortir – sans surprise donc – que ces derniers se sentent mal dans leur peau, comme diminués. Ils n’osent en parler à leurs amis même les plus proches. Et encore moins à leurs collègues de travail ! Pire encore : une fois sur quatre, ils vivent la sensation culpabilisante de laisser tomber leur partenaire…
L’arrivée sur le marché du Viagra a suscité d’immenses espoirs. De redevenir des hommes qui ” assurent ” et de voir revenir le bien-être et le sentiment d’être bien dans sa peau, bien dans sa vie.
Un espoir comblé pour ceux chez lesquels le traitement s’est avéré un succès. Ils ont recouvré leur joie de vivre. Quant aux autres, ils ont d’autant plus ressenti l’échec qu’ils avaient investi d’espoir. Avec à la clé parfois, des détresses insondables. D’après les auteurs, le fait qu’on leur ait parfois prédit monts et merveilles a certainement joué dans l’intensité de leur déception.
Le problème, c’est qu’aux – inévitables ? – dérapages de la pub se sont ajoutés des facteurs aggravants. D’abord les conversations de comptoir, où chacun est tenté d’en rajouter. Nous sommes gaulois que diable ! Et puis aussi le fait que de bonne source, 90% du Viagra vendu sur internet relève de la contrefaçon. Déjà que même les médicaments miracle ne font pas des miracles à 100%, alors les imitations à base d’amidon coloré… La dysfonction érectile, ça fait trop mal au moral pour se priver du dialogue. Dialogue avec le médecin, dialogue avec le pharmacien pour ne pas tomber dans les pièges du Web…
Source : British Medical Journal, 28 mars 2004
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