Echographie 3D : une tendance dangereuse pour le fœtus ?
20 mars 2017
Cylonphoto/shutterstock.com
Depuis quelques années, des sociétés privées proposent aux futurs parents des clichés-souvenir en relief de leur bébé in utero. Seulement voilà, ces échographies 3D n’apportent rien sur le plan médical. Pire, quand elles ne sont pas pratiquées par une personne habilitée, elles peuvent exposer le fœtus à une surdose d’ultrasons.
Les trois échographies recommandées dans le suivi classique de la grossesse jouent un rôle primordial. Pratiquées entre 11 et 13 semaines d’aménorrhée, puis entre 20 et 22 et entre 32 et 34 semaines, elles permettent de bien suivre la croissance du fœtus et de détecter d’éventuelles anomalies. C’est généralement un moment chargé d’émotion pour les futurs parents, impatients de pouvoir ainsi faire connaissance avec l’enfant. Jouant sur la corde sensible, des centres d’échographie non médicale leur donnent aujourd’hui la possibilité d’aller encore plus loin et de voir leur bébé en 3D.
Les risques des ultrasons sur le foetus
Mais cette tendance pose plusieurs problèmes. Premier point, « les échographies non médicales ne sont pas pratiquées par des médecins. Or, en France, seuls les médecins, les sages-femmes et les manipulateurs d’électroradiologie médicale travaillant sous le contrôle des médecins sont autorisés à faire des échographies », rappelle le Pr Deruelle, gynécologue-obstétricien au CHRU de Lille.
Par ailleurs, l’échographie fœtale « souvenir » ou « de complaisance » nécessite d’exposer en continu aux ultrasons des parties localisées du fœtus (profil, face, organes génitaux…). Un phénomène exposant le fœtus aux effets biologiques de ces rayonnements, sans aucun bénéfice médical. Un risque proportionnel à la durée d’exposition. Or la recherche de la meilleure qualité́ de l’image peut amener à prolonger cette entrée en contact avec les ultrasons. Les impacts liés aux effets thermiques et mécaniques des ultrasons sur le fœtus sont alors estimés plus importants. »
A ce sujet, le Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français, mais aussi l’Académie nationale de médecine et l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, ont rendu leur avis défavorable
A noter : Pratiquée par un professionnel de santé, l’échographie 2D ne présente pas de risque connu pour le fœtus car l’exposition aux ultra-sons est faible et dure peu de temps. De la même façon, l’échographie 3D pratiquée par un professionnel de santé en cas de suspicion d’anomalie physique lors de l’échographie 2D reste un outil diagnostic très intéressant dont l’utilité n’est absolument pas remise en question.
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Source : Interview du Pr Philippe Deruelle, gynécologue-obstétricien au CHRU de Lille et secrétaire général du Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français
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Ecrit par : Aurélia Dubuc – Edité par : Emmanuel Ducreuzet