Santé bucco-dentaire : 5 idées reçues sur les dents

27 juin 2025

Est-ce que les dents sont des os ? Faut-il blâmer nos ancêtres pour l’état de notre dentition… Le Dr Sacha-Gabriel Ayache, chirurgien-dentiste, démonte avec rigueur - et humour - les croyances tenaces sur les dents et l’hygiène bucco-dentaire dans son nouveau livre « 50 mythos sur les chicots », en s’appuyant sur des sources scientifiques solides. En voici 5.

Les dents ne sont pas des os !

Dents et os contiennent tous deux du calcium, mais leur structure, leur composition et leurs fonctions sont fondamentalement différentes. Les dents sont formées de plusieurs couches. À l’extérieur, l’émail, composé à 96 % de minéraux, est la substance la plus dure du corps humain. Dépourvu de cellules vivantes, il ne peut se régénérer. Sous l’émail se trouve la dentine, plus souple (70 % de minéraux) mais sensible, car traversée par des tubules connectés à la pulpe. Grâce à ses cellules (les odontoblastes), la dentine peut se réparer, du moins partiellement. La pulpe, au centre de la dent, contient nerfs et vaisseaux sanguins ; elle est à l’origine de la douleur en cas de carie ou de traumatisme. La racine, recouverte de cément, est fixée à l’os alvéolaire par les ligaments parodontaux.

Les os, constitués de collagène (pour la flexibilité) et d’hydroxyapatite (pour la solidité), sont des structures vivantes capables de se régénérer. Contrairement aux dents, ils peuvent se réparer.

Les caries ne se transmettent pas avec l’ADN

L’hérédité peut intervenir dans la susceptibilité à certaines affections bucco-dentaires, notamment via la composition de la salive, la morphologie dentaire ou la réponse immunitaire. Toutefois, les pathologies courantes telles que les caries ou les maladies parodontales relèvent principalement d’une hygiène orale insuffisante, d’habitudes alimentaires, d’une consommation de tabac ou l’absence de suivi régulier. L’influence génétique existe, mais elle reste très largement secondaire.

La santé de vos dents n’affecte pas que votre sourire 

Les infections dentaires (abcès, caries…) et parodontales (du tissu de soutien des dents) ont des répercussions bien au-delà de la cavité buccale. En pénétrant dans la circulation sanguine, les bactéries pathogènes peuvent se disséminer à distance (bactériémie) et entraîner des complications systémiques. Par le biais des réseaux vasculaire et lymphatique, une infection localisée peut ainsi avoir des répercussions sur l’ensemble de l’organisme. Ce lien entre infections dentaires et pathologies cardiovasculaires est largement documenté. Une mauvaise santé bucco-dentaire est aussi associée à un risque accru de pneumonie, en particulier chez les personnes âgées.

Le sourire « Colgate » n’est pas forcément synonyme de bonne santé bucco-dentaire

Un usage excessif du blanchiment dentaire peut fragiliser l’émail, entraînant une sensibilité accrue et un risque plus élevé de caries. Le peroxyde d’hydrogène, agent blanchissant principal, peut provoquer une déminéralisation de l’émail, des irritations gingivales et, dans certains cas, des altérations irréversibles. Les kits en vente libre aggravent ce risque.

Des dents naturellement jaunâtres peuvent être parfaitement saines et très solides. La teinte dentaire dépend de facteurs génétiques, de l’âge, de l’usure progressive de l’émail (qui laisse apparaître la dentine sous-jacente, plus jaune), mais aussi de l’alimentation, du tabac et de l’hygiène buccodentaire.

Une carie « silencieuse » doit être soignée

Pour comprendre pourquoi il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises caries, il faut savoir comment celles-ci se forment : la carie dentaire débute par une déminéralisation de l’émail, due aux acides produits par certaines bactéries (comme Streptococcus mutans) à partir des sucres alimentaires. Cette phase initiale est indolore, l’émail ne contenant pas de fibres nerveuses.

Mais c’est une autre histoire lorsque la lésion atteint la dentine, plus vulnérable et innervée : la douleur peut apparaître. Toutefois, certaines caries dentinaires restent silencieuses, parce que la progression lente de la carie épargne les zones riches en fibres nerveuses ; l’inflammation de la pulpe est modérée, insuffisante pour générer une douleur perceptible ; ou une les nerfs de la dentine se sont « accoutumés » à une stimulation chronique faible.

Pour en savoir plus: 50 mythos sur les chicots. Le guide pratique qui lève les idées reçues sur la santé dentaire ! Éditions Vuibert, paru le 5 mai 2025.

 

  • Source : 50 mythos sur les chicots. Le guide pratique qui lève les idées reçues sur la santé dentaire ! 05/05/2025 / Éditions Vuibert (208 pages) ; Robinson C, et al. Dental enamel – a biological ceramic: regular substructures in enamel hydroxyapatite crystals revealed by atomic force microscopy. J Mater Chem. 2004;14:2242–2248; Kawashima N. Odontoblasts: specialized hard-tissue-forming cells in the dentin-pulp complex. Congenit Anom (Kyoto). 2016 Jul;56(4):144–153 ; Hu JC, Simmer JP. Developmental biology and genetics of dental malformations. Orthod Craniofac Res. 2007;10(2):45–52; Kassebaum NJ, et al. Global burden of untreated caries: a systematic review and meta-regression. J Dent Res. 2015;94(5):650–658; Cahill TJ, Prendergast BD. Infective endocarditis. Lancet. 2016;387(10021):882–893.

  • Ecrit par : Hélène Joubert - Édité par Emmanuel Ducreuzet

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