Hausse des hospitalisations pour AVC

21 avril 2020

En mars, les prises en charge pour des AVC ont diminué. Aujourd’hui, l’activité reprend. Comment expliquer ces variations d’activités en pleine épidémie de Covid-19 ? Les précisions du Dr Benoît Guillon, neurologue responsable de l’unité neurovasculaire au CHU de Nantes.

« Notre service de neurologie n’a jamais été aussi calme que pendant la phase intense de l’épidémie, entre le 15 mars et début avril », raconte le Dr Guillon, neurologue responsable de l’unité neurovasculaire au CHU de Nantes et président de l’association AVC 44. « Les gardes ont été beaucoup plus calmes, de nombreux lits étaient vides alors que cela n’arrive jamais. »

Un recul inexpliqué des cas d’AVC aux urgences

Précisément, « le nombre de prises en charge pour des AVC a nettement diminué ». Comment l’expliquer ? « Aujourd’hui, il est impossible de répondre clairement à cette question. » Il est encore trop tôt pour se prononcer, mais plusieurs pistes sont envisagées. Certains patients craignent de venir à l’hôpital, de peur de contracter le virus. D’autres craignent de déranger les urgences. Certaines formes mineures d’AVC ont pu ne pas faire l’objet d’une prise en charge. Certains facteurs de risque comme la pollution ou le stress professionnel ont pu diminuer. « Reste qu’étant donné l’anxiété liée à l’épidémie, difficile de dire que les citoyens ont moins souffert du stress », évoque le Dr Guillon.

Aucune certitude donc. A ce jour, la baisse des hospitalisations en urgence pour un AVC reste un phénomène incompris… mais global. « Selon la littérature scientifique, pendant le pic épidémique en Chine, le nombre d’AVC a diminué de 50%. Et à Piacenza, ville située à 50 km de Milan, on est passé d’une moyenne de 50 AVC par mois avant l’épidémie, à 5 incidents entre le 21 février et le 25 mars », décrit le Dr Guillon.

Mais depuis la seconde semaine d’avril, l’activité en neurologie s’est intensifiée. « Au CHU de Nantes, le service de soins intensifs est plein de victimes d’AVC, avec beaucoup de patient jeunes, âgés en moyenne de 30 à 50 ans. Une situation inhabituelle que je n’explique pas aujourd’hui. »

Faire le 15 sans hésiter. Malgré ces zones de flou liées au contexte actuel, « le bon réflexe est d’appeler le 15 en cas de symptômes évocateurs d’un AVC », rappelle le Dr Guillon. Il s’agit de la survenue brutale, conjointe ou successive, de « troubles de l’expression ou de la compréhension, d’une paralysie faciale (bouche déviée) et de la paralysie d’un bras ou d’une jambe ».

L’hôpital, un lieu sûr

Que répondre aux patients craignant une exposition au Covid-19 à l’hôpital ? Dans tous les établissements de santé, des filières Covid-19 et non Covid sont organisées. « Tout est pensé pour qu’il n’existe aucun risque de contamination. D’ailleurs aucun patient n’a contracté le Covid-19 dans les murs de l’hôpital », atteste le Dr Guillon. Et la qualité de la prise en charge reste une réalité : « le système de santé s’est adapté très rapidement. Les lits en soins intensifs sont disponibles. Il n’existe pas de pertes de chance aujourd’hui dans le milieu hospitalier. C’est la raison pour laquelle il ne faut surtout pas hésiter à appeler le SAMU si besoin. »

Pour les maladies neurologiques chroniques (épilepsie, sclérose en plaques, maladie de Parkinson…), la continuité des soins est assurée, grâce à la téléconsultation notamment. « Et pour les diagnostics, on fait davantage le lien entre les médecins traitants et les spécialistes libéraux installés en ville. » Côté traitement, pour assurer la meilleure observance possible, « les ordonnances peuvent être renouvelées automatiquement en pharmacie ». Et « les patients ne doivent pas arrêter seuls de prendre leurs médicaments. Il est recommandé d’appeler son médecin pour une évaluation encadrée de la situation ».

A noter : plusieurs troubles neurologiques semblent être associés au Covid-19. C’est le cas du syndrome de Guillain Barré, une exacerbation des épisodes de confusion notamment chez la personne âgée, et des AVC dans les formes de Covid-19 les plus graves.

  • Source : Interview du Dr Benoît Guillon, neurologue responsable de l’unité neurovasculaire au CHU de Nantes, le 20 avril 2020

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

Aller à la barre d’outils