Enfant né par césarienne : un risque d’inflammation intestinal à l’âge adulte ?
07 juillet 2023
Les accouchements par voie basse permettent aux nouveau-nés de bénéficier d’une protection immunitaire particulière. Ce renforcement provient du contact de la peau du tout-petit avec les microbes maternels, lorsqu’il passe par le vagin. Privés de cette exposition, les nourrissons nés par césarienne présentent un risque accru de déséquilibre du microbiote et d’inflammation intestinal. Précisions.
Programmées ou pratiquées en urgence, les césariennes sont indiquées dans 20,4 % des naissances en France. Aussi nécessaire soit-il pour donner la vie, cet accouchement peut impacter le développement des tout-petits alors privés de la protection immunitaire permise par l’exposition au microbiote vaginale. Concrètement, la césarienne perturbe le transfert du microbiote de la mère à l’enfant, ce qui entraîne une altération du système immunitaire et une prédisposition aux allergies, à l’obésité et à l’inflammation intestinale.
A l’âge adulte, le déséquilibre du microbiote intestinal, autrement appelé dysbiose, augmente le risque d’asthme, d’allergie, de diabète de type 1 et d’obésité.
Pour mieux comprendre ce mécanisme, des spécialistes de l’Institut national de la recherche agronomique (INRAE) ont mené une étude à ce sujet, en collaboration avec l’Université Paris-Saclay. Cette équipe a observé ce phénomène auprès de souriceaux nés par césarienne. Chez les tout-petits rongeurs était repérée, à l’âge adulte, « une stimulation excessive de l’intestin, qui induit une modification de la structure de la muqueuse et une réaction inflammatoire ».
Des traitements possibles ?
Dans la même étude, les scientifiques ont pu confirmer l’efficacité de suppléments en lactobacilles. Ces bactéries présentes à l’état naturel dans l’intestin contribuent à l’équilibre de la flore intestinale. Au sein de l’étude, elles sont venues renforcer l’efficacité du système immunitaire des souriceaux.
Chez l’Homme, la technique dite d’ensemencement vaginal consiste, elle, à tamponner le corps du nouveau-né avec une compresse de gaze imprégnée de sécrétions vaginales de la maman. Réalisée juste après la naissance, cette méthode permet d’accélérer le processus de maturation des bactéries intestinales chez le nouveau-né, d’augmenter la concentration des bactéries Lactobacillus et d’accroître la diversité bactérienne.
Les Lactobacillus se retrouvent également dans le lait maternel : l’allaitement, s’il est possible, peut donc venir renforcer le système immunitaire des petits nés par césarienne. Les laits industriels enrichis en oligosaccharides du lait humain (HMO) s’avèrent également bénéfiques.
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Source : Institut national de la recherche agronomique (INRAE), Microbiome, 3 juillet 2023 – Ministère des Solidarités et de la Santé, site consulté le 6 juillet 2023
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Ecrit par : Laura Bourgault - Édité par : Emmanuel Ducreuzet