Enfants-esclaves : les traumatismes du corps et de l’esprit

15 septembre 2015

Dans le monde, 5,7 millions d’enfants esclaves sont soumis à des travaux forcés. Et les sévices sexuels font 1,8 million de jeunes victimes. Quel impact ont ces abus sur leur santé physique et mentale ? Pour en savoir plus, des chercheurs britanniques ont observé de près des petits asiatiques, tous rescapés de ces trafics humains.

En collaboration avec l’Organisation internationale pour les migrations, des scientifiques de la London school of hygiene & tropical medicine ont suivi 387 enfants et adolescents âgés de 10 à 17 ans. Tous ont survécu à un trafic d’enfants en Asie (Cambodge, Thaïlande et Viêt-Nam). Résultat, 1% des garçons ont été victimes de violences sexuelles, contre 23% chez les filles. Et tous sexes confondus, un tiers des jeunes a rapporté des blessures physiques liées à ces viols ou aux conditions de travail forcé.

« Une santé mentale fragile, des actes de violence et de tentatives de suicide ont été fréquemment repérés chez ces enfants », révèlent les chercheurs britanniques. Les troubles mentaux font partie des atteintes les plus communes : plus de la moitié des jeunes (56%) était sujet à la dépression, un tiers souffrait d’anxiété accrue et un quart (26%) présentait un syndrome de stress post-traumatique.

Des actes de mutilation et tentatives de suicides ont été « rapportés chez 12% des jeunes dans le mois précédent le début de l’étude ». Des jeunes qui pour la plupart étaient soumis à cette pression en permanence. Tous travaillaient dans un milieu insalubre et sans relâche, sept jours sur sept. Autre information, « les garçons étaient majoritairement confrontés à des mauvaises conditions de vie : privés de lit, d’accès à l’eau. Et les blessures graves (brûlures, fractures, coupures…) affectaient 21% des garçons et 7% des filles ».

Une détresse physique et mentale pesante. « Les troubles perdurent même si les jeunes ont retrouvé leur famille et leur foyer », atteste le Dr Cathy Zimmerman, l’un des auteurs de ce travail. Plus de la moitié des jeunes interviewés ont avoué être inquiets de leur quotidien une fois rentré chez eux. Le poids de la honte et de la culpabilité était aussi souvent évoqué. « Selon les cas, aider les jeunes à reprendre immédiatement leurs marques dans leur famille n’est pas forcément la bonne solution. Beaucoup sont en effet victimes de violences de la part d’un membre de leur famille. Une prise en charge médicale et sociale est donc indispensable pour ces jeunes survivants. »

  • Source : JAMA Pediatrics, le 8 septembre 2015

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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