Stress post-traumatique : la prise en charge selon l’OMS

07 août 2013

Deux sœurs syriennes qui ont trouvé refuge à à Ebril (Kurdistan). ©HCR/B.Sokol

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) vient de publier ses nouvelles recommandations de bonnes pratiques relatives à la prise en charge d’enfants et d’adultes victimes d’un traumatisme. Elles sont destinées aux professionnels de santé. Fait marquant : les benzodiazépines sont désormais déconseillés. Selon l’OMS, « rien ne prouve que ces médicaments sont efficaces contre les symptômes de stress imputables à un traumatisme récent ».

Ce nouveau protocole a été réalisé en collaboration avec le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). Il vise à « aider les agents de santé à traiter les conséquences des traumatismes sur la santé mentale » (liées notamment à la perte de proches (…). Les services fournis incluent l’aide psychologique de première urgence et la gestion du stress ».

« Nous avons reçu de nombreuses demandes concernant les soins de santé mentale à prodiguer après un traumatisme ou la perte d’un proche » explique le Dr Oleg Chestnov, Sous-Directeur général de l’OMS chargé des maladies non transmissibles et de la santé mentale. « L’état de stress post-traumatique doit être pris en charge au même titre que d’autres troubles mentaux courants. Les intervenants en santé primaire vont désormais pouvoir fournir des services de base conformes aux meilleures données factuelles disponibles. Ils sauront également déterminer quand rediriger les patients vers un traitement plus spécialisé. »

Pas de benzos au cours du premier mois…

Ce nouveau protocole devrait faire grand bruit. Et pour cause puisqu’il exclut quasiment de la prise en charge les benzodiazépines, « des anxiolytiques d’usage courant ». Ces traitements « ne devraient pas être prescrits pour réduire les symptômes aigus de stress post-traumatique ou les problèmes de sommeil au cours du premier mois suivant un événement traumatisant ».

L’OMS met en avant « le manque de preuves concernant leur efficacité contre les symptômes de stress imputables à un traumatisme récent ». Elle ajoute que ces molécules « pourraient même allonger le temps nécessaire pour se remettre d’événements potentiellement traumatisants ».

Elle fait aussi référence au fait que de « nombreux sujets développent une tolérance à leurs effets, n’obtiennent qu’un faible bénéfice thérapeutique, deviennent dépendants et souffrent d’un syndrome de sevrage à l’interruption du traitement ». En conséquence, « au cours du premier mois suivant un événement potentiellement traumatisant, l’OMS recommande de ne pas prescrire de benzodiazépines à l’adulte ».

Une place pour les thérapies cognitivo-comportementales

Pour l’Organisation, la prise en charge de patients en état de stress post-traumatique devrait reposer non pas sur l’administration systématique de médicaments mais sur « des traitements spécialisés ». Lesquels ? « La thérapie cognitivo-comportementale (TCC) ou une nouvelle technique dite de désensibilisation et de reprogrammation par le mouvement des yeux (EMDR). Ces techniques aident les sujets à atténuer les souvenirs vivaces, non désirés et répétés d’événements traumatiques ».

A l’échelle mondiale, ces techniques restent toutefois très peu développées. « Il est recommandé de renforcer la formation et la supervision en vue de les diffuser plus largement », conclut l’OMS. Pour accéder au protocole, rendez-vous sur http://www.who.int/mental_health/resources/emergencies/en/index.html.

Ecrit par : David Picot – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

  • Source : OMS, 6 août 2013

Aller à la barre d’outils