Epidémie de virus Marburg au Rwanda : qu’est-ce que cette fièvre hémorragique ?

11 octobre 2024

C’est une fièvre hémorragique dont le taux de mortalité peut s’élever jusqu’à 88 %. Le virus de Marburg sévit depuis le mois de septembre au Rwanda. Que faut-il savoir sur ce virus très dangereux, cousin d’Ebola ?

« L’épidémie du virus de Marburg au Rwanda est maîtrisée », a déclaré jeudi 10 octobre, le directeur général de l’Africa CDC Jean Kaseya. Depuis que l’épidémie a été déclarée le 28 septembre, 13 morts et 58 contaminations ont été comptabilisés. La prudence reste de mise, les Etats-Unis ont déconseillé en début de semaine à leurs ressortissants de voyager au Rwanda.

La maladie à virus de Marburg est une fièvre hémorragique grave, souvent mortelle. Si elle est rare, elle est considérée par l’Organisation mondiale de la santé comme une grave menace pour la santé car elle est associée à un taux de mortalité élevé, jusqu’à 88 %. Et il n’existe à ce stade ni traitement viral ni vaccin approuvé contre cette maladie.

Un virus transmis par la chauve-souris

La maladie a été identifiée pour la première fois en Allemagne, à Marburg, en 1967. Depuis des flambées ont eu lieu en Afrique du Sud, Ouganda, République démocratique du Congo, Angola, Kenya. En 2022, des cas ont été enregistrés au Ghana et, en 2023, en Guinée-Equatoriale et en Tanzanie.

Le virus de Marburg est un cousin du virus Ebola. L’hôte réservoir est une chauve-souris, une roussette frugivore et cavernicole vivant en Afrique. Les premières infections chez l’homme ont résulté d’une exposition prolongée dans les mines et ou des grottes abritant des colonies de roussettes.

Une contamination interhumaine via les fluides corporels

Les infections interhumaines ont lieu lors de contacts directs avec les liquides corporels infectés. La maladie ne se transmet pas par voie aérienne. Les malades restent contagieux tant que le virus est présent dans le sang. « Cela signifie que les patients doivent poursuivre le traitement dans un établissement de santé spécialisé et attendre le résultat des examens de laboratoire pour savoir quand ils peuvent rentrer chez eux en toute sécurité », explique l’OMS.

Quels sont les symptômes ?

Après une période d’incubation de 2 à 21 jours, la maladie provoquée par le virus Marburg s’installe brutalement avec :

  • une fièvre élevée ;
  • de fortes céphalées ;
  • des douleurs ;
  • une diarrhée ;
  • des douleurs et des crampes abdominales ;
  • des nausées et des vomissements (au 3e jour).

« On décrit souvent les patients à ce stade comme ayant l’aspect de ‘fantômes’, avec des yeux profondément enfoncés, un visage inexpressif et une léthargie extrême », détaille l’OMS.

Les manifestations hémorragiques sévères surviennent entre le 5e et 7e jour, à de multiples localisations dans les cas les plus graves. « L’observation de sang frais dans les vomissures ou les selles s’accompagne souvent de saignements du nez, des gencives et du vagin. Les saignements spontanés aux points de ponction veineuse (pour administrer des liquides ou prélever des échantillons sanguins) peuvent être particulièrement problématiques », rapporte l’OMS. Le système nerveux central est aussi atteint avec des états confusionnels. Le décès survient 8 à 9 jours après l’apparition des symptômes, précédé d’une perte de sang abondante.

Le diagnostic est posé lors de tests en laboratoire. Les échantillons présentent un risque biologique extrême et les tests doivent être réalisés dans des conditions maximales de sécurité.

Pas de traitement approuvé mais des essais en cours

Le traitement repose pour l’heure sur la prise en charge des symptômes et des soins de soutien. Des anticorps monoclonaux, des antirétroviraux et des vaccins sont en cours de développement. Certains sont développés contre le virus Ebola mais pourraient être efficaces contre Marburg.

Une campagne de vaccination a d’ailleurs débuté au Rwanda le 6 octobre à titre expérimental. The Sabine Vaccine Institute, basé aux Etats-Unis, a envoyé quelque 700 doses d’un vaccin dont les populations à risque, notamment les professionnels de santé, sont les bénéficiaires. Il s’agit d’un essai clinique, le vaccin est déjà en essai de phase 2 en Ouganda et au Kenya.

  • Source : OMS, Sabin Vaccine Institute, RFI

  • Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet

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