Épilepsie : les crises dépendent de l’horloge biologique
13 novembre 2020
Dans la forme d’épilepsie la plus courante chez l’adulte, il se pourrait bien que l’horloge biologique joue un rôle dans la survenue des crises. Une piste pour de potentiels traitements ? L’espoir est permis !
Dans l’épilepsie temporale, la plus fréquente des formes d’épilepsie chez l’adulte, les crises peuvent survenir à toute heure de la journée. Mais il semble que chaque patient ait un peu ses heures de prédilection. Comment l’expliquer ? Selon des chercheurs de l’Inserm, la raison se logerait au niveau de l’hippocampe « impliquée dans la naissance des crises ».
Pour y voir plus clair, des chercheurs français* ont analysé chez la souris l’expression génétique au niveau de cette structure. Ces derniers ont injecté un médicament épileptogène à des animaux épileptiques et à d’autres épargnés par cette maladie.
1 200 gènes exprimés dans l’hippocampe
Résultat, « le seuil de déclenchement de la crise est plus bas chez les animaux épileptiques ». Autre point, « ce déclenchement survient à des moments différents de la journée que chez les animaux contrôles ». Précisément, « l’expression locale de plus de 1 200 gènes (…) dépend d’un rythme circadien », détaillent les scientifiques. « Lorsque l’analyse est conduite chez des souris épileptiques, le nombre de gènes concernés par la rythmicité circadienne augmente de 30%, et seuls un tiers de ces gènes sont communs à ceux présents chez les animaux sains. »
Ces observations mettent en avant le fait que « la nature, le rythme et l’amplitude des variations de l’expression génique au cours de la journée apparaissent très spécifiques de l’épilepsie ».
D’autres pathologies concernées
« Si la même observation était posée chez l’humain, elle aiderait à mieux comprendre la maladie et prévenir les crises aux moments les plus à risque de la journée. » L’objectif serait de mettre au point des traitements administrés en fonction de l’horaire potentiel des crises.
Et ces molécules pourraient aussi servir à la prise en charge d’autres « pathologies cérébrales, comme la maladie d’Alzheimer ou la sclérose en plaques ». En effet, ces dernières sont supposément « également liées à des oscillations de l’expression de gènes spécifiques. Étudier ces maladies à la lumière d’une rythmicité circadienne pourrait aider à mieux les comprendre, et sans doute mieux les traiter ».
*unité 1066 Inserm/Aix-Marseille Université, Institut de neurosciences des systèmes, équipe Physiologie et physiopathologie des réseaux neuraux (PhysioNet), Marseille, en partenariat avec des chercheurs américains, allemands et polonais