Le fétichisme : fantaisie érotique ou perversion ?
09 juin 2017
Martin Carlsson/shutterstock.com
Non, tous les hommes ne sont pas attirés par des seins rebondis, toutes les femmes ne sont pas sensibles à des bougies et des pétales de rose autour du lit. Heureusement, les sources possibles d’excitation ne se réduisent pas à cette vision stéréotypée et réductrice de la sexualité. Mais quand l’objet du désir et du plaisir n’a rien d’érotique, a priori – on parle alors de fétichisme – cela soulève beaucoup de questions.
Le mot fétichisme a été utilisé pour la première fois en 1887. Pour le psychologue français Alfred Binet, il s’agit alors « d’une perversion pathologique causée par l’association d’un traumatisme d’enfance à un objet inanimé ». Par la suite, poursuivant la même logique, Sigmund Freud l’explique en 1927 par l’angoisse de castration suscitée chez le petit garçon par la découverte de l’absence de pénis chez la femme. Cette explication a depuis été remise en question, notamment car elle ne permet pas d’expliquer le fétichisme au féminin.
Aujourd’hui, même si le fétichisme reste entouré de mystères, de nombreux spécialistes s’accordent pour expliquer son origine par l’association des premiers émois érotiques à un souvenir bien précis, qu’il s’agisse d’une partie du corps, d’un vêtement ou encore d’un contexte particulière. Les déclinaisons du fétichisme sont quasi infinies.
Sans surprise, le fétichisme le plus répandu est celui des pieds, si l’on en croit une vaste étude menée par des chercheurs suédois et italiens en 2004. Il est suivi de près par le fétichisme des fluides corporels (sang, urine, larmes…) et celui de la taille du corps (gros, mince, grand, petit). Mais il en existe bien d’autres. Certains sont connus, comme le cuir, le latex, les poils, d’autres beaucoup moins. Ainsi le film « Crash » réalisé par David Cronenberg met en scène un couple de symphorophiles, c’est-à-dire de fétichistes des accidents de voiture : seule la vision de catastrophes routières, puis dans un second temps leur implication dans ce type d’accident, leur permet d’accéder au plaisir.
Tout dépend du degré
Classifié comme une déviance sexuelle (ou paraphilie), le fétichisme n’est pas forcément une pathologie ou une perversion. S’il se pratique de temps en temps entre adultes consentants, c’est un jeu érotique comme un autre. Si c’est le seul moyen d’accès au plaisir pour le fétichiste, si l’assouvissement de son obsession l’handicape au quotidien et empêche son ou sa partenaire de vivre comme il l’entend ses propres besoins sexuels, le fétichisme devient alors problématique et nécessite une prise en charge adaptée.
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Source : Rêves de femmes, Sophie Cadalen, Leduc.S éditions, 208 pages, 15 euros ; Etude « Relative prevalence of different fetishes » menée à l’Université de Bologne en 2004
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Ecrit par : Aurélia Dubuc – Edité par : Dominique Salomon