Fibromes utérins : quelle prise en charge?
07 octobre 2015
Certains fibromes utérins peuvent être à l’origine de douleurs intenses©Phovoir
Le fibrome utérin symptomatique est une pathologie fréquente chez les femmes en âge de procréer puisqu’il concerne près d’une femme sur dix en France. Quels en sont les symptômes ? Quel est le parcours de soins ? Les réponses du Pr Philippe Descamps, gynécologue, chef de service au CHU d’Angers.
Le fibrome est une tumeur bénigne survenant fréquemment chez la femme après la quarantaine, mais parfois plus précocement. Il est important de souligner que cette tumeur n’évolue jamais vers un cancer. Selon le Collège national des Gynécologues et Obstétriciens français (CNGOF), « la situation des fibromes est variable, à l’intérieur même de l’utérus, dans la cavité utérine, dans la paroi musculaire de l’utérus ou encore rattachés à celui-ci par un pédicule plus ou moins large ».
« Tous les fibromes utérins ne sont pas symptomatiques » souligne le Pr Descamps. Dans le cas des fibromes dits symptomatiques, les patientes vont, selon notre spécialiste, présenter différents signes très évocateurs. « Les saignements abondants constituent le symptôme le plus caractéristique d’un fibrome utérin. Ce sont surtout des règles abondantes mais il peut y avoir des saignements entre les règles. »
Mais ce n’est pas tout. « Les femmes risquent de ressentir une forme de pesanteur pelvienne ou des douleurs dans le bas ventre, spontanément ou durant les rapports sexuels. Certains fibromes s’accompagnent de besoins plus fréquents et plus urgents d’uriner. D’autres fibromes entrainent une compression au niveau intestinal provoquant une constipation, des ballonnements et parfois une sensation de compression dans la région anale ». Dans le cas de fibromes plus volumineux, on peut observer une augmentation du volume de l’abdomen ou des douleurs dorsales. Chez certaines femmes, ces symptômes peuvent altérer la qualité de vie.
Quel parcours de soins ?
Pour poser le diagnostic d’un fibrome utérin, il convient de consulter son médecin traitant ou son gynécologue. « C’est assez simple », affirme le Pr Descamps. « Une échographie pelvienne va permettre réellement de localiser le ou les fibromes. Ensuite le gynécologue envisagera avec la patiente la stratégie thérapeutique la plus adaptée. Il n’y a pas un traitement du fibrome mais plusieurs types de prise en charge selon l’âge, le désir de grossesse, la taille, la localisation des fibromes et les symptômes décrit par la patiente ».
Par exemple, si une femme désire concevoir, « une myomectomie lui sera proposée, en cas de fibrome faisant saillie dans la cavité utérine (fibrome sous-muqueux) ou situé dans l’épaisseur du muscle (fibrome interstitiel). Cela consiste en l’ablation chirurgicale d’un ou plusieurs fibromes utérins tout en conservant l’utérus. Cela permet donc de conserver les règles et éventuellement la possibilité d’une grossesse ultérieure ». A l’inverse, une patiente qui ne désire plus d’enfant et dont le ou les fibromes sont volumineux et/ou gênants se verra proposer une hystérectomie, autrement dit une ablation de l’utérus.
Enfin pour l’ensemble des femmes présentant un fibrome symptomatique, le Pr Descamps tient à conclure : « nous disposons aussi de médicaments qui permettent notamment de réduire les saignements et de soulager les patientes ».
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Source : Interview du Pr Philippe Descamps, juin 2015
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Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : Vincent Roche