Le fromage vous dégoute ? Découvrez pourquoi

27 octobre 2016

Le fromage, on aime ou on déteste. Il y a rarement un entre-deux. Que se produit-il dans le cerveau de ceux qui n’apprécient ni le camembert ni le roquefort ? Une équipe française (bien sûr !) lève le voile.

« La France a beau être le pays qui compte le plus grand nombre de variétés de fromages (près de 1600), nombreuses sont les personnes qui sont rebutées par cet aliment », estiment les chercheurs du CNRS*. « Or l’aversion est un élément extrêmement puissant dans le monde animal : elle représente un élément clé de la survie, d’où l’intérêt d’étudier les mécanismes cérébraux à l’œuvre. »

Tout d’abord, les auteurs ont souhaité vérifier sur un échantillon de 332 personnes, leur impression selon laquelle de nombreux individus étaient dégoûtés par le fromage. Résultat, ils ont vu juste ! « L’aversion au fromage concerne 6% des personnes interrogées alors que l’aversion pour le poisson ne concerne que 2,7% et celle pour la charcuterie 2,4%. »

Autre point d’importance, « parmi les personnes aversives au fromage, 18% se disent intolérantes au lactose et dans 47% des cas, au moins un des membres de leur famille n’aime pas non plus le fromage », précisent les auteurs. « Ces chiffres suggèrent une origine génétique de cette aversion, qui pourrait par exemple être liée à l’intolérance au lactose. »

Le cerveau en cause ?

Pour en savoir plus, les chercheurs ont pratiqué une imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) chez quinze personnes aimant le fromage et quinze autres ne l’appréciant pas. Elles ont toutes été confrontées simultanément à l’image et l’odeur de six fromages différents et de six autres types d’aliments témoins. Le but, « indiquer si elles appréciaient ou non l’odeur et la vue de ces aliments, puis si, à ce moment précis, elles avaient envie de les manger ».

Dans le cerveau, « le pallidum ventral, une petite structure habituellement activée chez des personnes qui ont faim, était totalement inactive lors de la présentation d’une odeur et d’une image de fromage chez les personnes aversives au fromage ». Alors même qu’elle était activée par tous les autres types d’aliments.

Les circuits de la récompense… et du dégoût

Plus étonnant, les chercheurs ont constaté que « des aires cérébrales, le globus pallidus et la substantia nigra, qui participent au circuit de la récompense étaient plus impliquées chez les personnes qui détestent le fromage que chez celles qui l’apprécient ». L’explication ? « Ces structures, sont (peut-être) aussi sollicitées en réponse à un stimulus aversif. »

« Ces travaux lèvent un coin du voile sur les aires cérébrales activées par la perception d’un aliment aversif et conduisent à penser que le circuit de la récompense peut aussi encoder le dégoût », concluent les scientifiques.

*Des chercheurs du Centre de recherche en neuroscience de Lyon (CNRS/Inserm/Université Claude Bernard Lyon 1/Université Jean Monnet) et du laboratoire Neuroscience Paris Seine (CNRS/Inserm/UPMC)

  • Source : CNRS, 20 octobre 2016

  • Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Vincent Roche

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