Gestalt-thérapie : conjuguer les tourments passés, au présent
02 février 2022
Née au début du XXe siècle, la Gestalt-thérapie est considérée comme une spécialité – une « fille », lit-on aussi – de la psychanalyse. L’approche apparait centrée sur l’interaction voire l’adaptation de l’individu à son environnement. Autrement dit, sur le présent et le futur et non pas les tourments du passé.
Le mot Gestalt correspond au substantif du verbe allemand gestalten que l’on peut traduire par ‘prendre forme’, ‘se créer’, ‘s’organiser’. Inspirée des travaux du psychanalyste allemand Friedrich Perls (1983–1970), la Gestalt-thérapie donne en quelque sorte « du soin à la forme », glisse Chantal Masquelier-Savatier, psychologue, gestalt-thérapeute, autrice de nombreux ouvrages sur le sujet. Elle « ne s’occupe pas du psychisme en tant qu’entité pré-existante mais elle s’intéresse à l’expérience de contact » entre l’individu et son environnement.
Ne pas alimenter la souffrance
De façon concrète, « nous accordons plus d’importance au ‘comment ça se passe’, plutôt qu’à ‘pourquoi ça se passe ainsi’. Pour une méthode davantage centrée sur le présent et sur le ‘vers quoi nous allons’, plutôt que sur le passé ». Au cours des séances, il ne s’agit pas « de remâcher le passé », insister la thérapeute. « Il nous paraît vain de chercher l’origine des troubles. D’autant plus que cela pourrait justifier qu’ils perdurent et qu’ils alimentent la souffrance ».
L’approche se veut résolument optimiste et déculpabilisante. Chantal Masquelier-Savatier s’appuie sur l’exemple d’une personne souffrant d’un sentiment d’abandon : « l’enjeu est de valoriser la façon dont elle s’est ajustée à cette situation. Il s’agit de lui montrer que ce côté introverti et renfermé dont elle a souffert et souffre toujours, correspond à la meilleure adaptation trouvée ». Et ce, avant de passer à l’étape suivante : « comment fait-on ensuite pour fluidifier et assouplir cette frontière entre l’individu et le monde ? »
Dialogue avec le thérapeute
Réponse de la thérapeute : « il s’agit de voir comment cette personne se débrouille aujourd’hui dans la vie, avec ce passé, de mettre le doigt sur ce qui la handicape et la façon dont cela se manifeste. Y compris dans la relation avec le thérapeute ». Pour en revenir à l’exemple du patient introverti : « relier comment il est en séance, à comment est venue cette attitude, ce comportement ».
En pratique, et contrairement à l’image d’Epinal du psychanalyste très en retrait et au verbe rare, la relation avec le thérapeute est basée ici sur le dialogue. Sans verser dans l’interrogatoire. « Dans l’échange, nous allons plutôt relever des choses que l’on voit », au niveau de la posture, des émotions, du comportement, du regard, etc. Au-delà des mots, l’expression corporelle du patient, « dans ce qu’il exprime », constitue aussi une source d’attention pour le thérapeute. Pour en trouver un, rendez-vous sur l’annuaire de la Société française de Gestalt-thérapie (http://gestalt-therapie.org/) ou sur celui du Collège Européen de Gestalt-thérapie de langue française (www.cegt.org/).
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Source : Interview de Chantal Masquelier-Savatier, 28 janvier 2022
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Ecrit par : David Picot – Edité par : Emmanuel Ducreuzet