











« Cette innovation chirurgicale a non seulement permis d’ôter la lésion cancéreuse avec des marges de sécurité importantes, mais aussi d’éviter l’ablation complète du poumon », explique le Pr Martinod.
Actuellement, la chirurgie constitue le meilleur traitement des cancers broncho-pulmonaires non-métastatiques. Lorsque la tumeur est située en « périphérie » du poumon, les médecins pratiquent une résection partielle, appelée lobectomie. Elle se limite à retirer un seul des deux ou trois lobes pulmonaires, selon qu’il s’agisse du poumon gauche ou du poumon droit. En revanche, lorsque la tumeur a une localisation centrale, les chirurgiens sont souvent contraints de procéder à l’ablation complète du poumon : il s’agit alors d’une pneumonectomie. C’est une intervention lourde et très invalidante, assortie de surcroît d’un taux de mortalité post-opératoire particulièrement élevé : jusqu’à 26% à 90 jours !
Pour éviter cette intervention, le Pr Martinod et son équipe ont donc tenté la greffe d’une bronche artificielle. Toutes les tentatives réalisées jusque-là s’étaient soldées par des échecs. Les équipes chirurgicales qui s’y sont essayées utilisaient notamment des prothèses spécifiques pour constituer leur matrice. Ils se sont à chaque fois, heurtés à des infections ou à des rejets.
Les médecins restent prudents
Cette fois-ci, les chirurgiens de l’hôpital Avicenne ont adopté une approche différente. Pour concevoir leur « matrice » à l’architecture tubulaire, ils ont utilisé « du tissu artériel provenant de l’aorte », expliquent-ils. « Nous avons ensuite montré que les cellules bronchiques colonisaient cette matrice, pour reconstituer du tissu bronchique avec ses caractéristiques de surface et de rigidité ».
Martinod et son équipe ont alors réalisé « une centaine d’opérations sur un modèle expérimental ». Pour cette première sur un « vrai » patient, le tissu greffé a été renforcé par la mise en place d’une structure métallique interne – un stent – pour assurer la rigidité initiale du greffon.
Fort de ce succès, Emmanuel Martinod ne s’enthousiasme cependant pas pour autant. « Nous pensons avoir trouvé la matrice idéale », poursuit-il sobrement. « Mais nous restons très prudents ». Cette équipe française est d’ores et déjà tournée vers une nouvelle étude. Elle vient d’être lancée « sur 20 à 30 patients ».
Source : AP-HP, 3 mars 2011 - The Annals of Thoracic Surgery 2011;91:837-42
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