Greffe d’utérus : le second bébé est né

07 mars 2023

La seconde grossesse obtenue par une greffe d’utérus a pu être menée à terme. Le bébé est né le 17 février à l’Hôpital Foch de Suresnes. La maman, Déborah, avait accouché de son premier enfant grâce à la même technique en 2021.

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Le deuxième bébé né grâce à une greffe d’utérus a vu le jour ce 17 février à l’hôpital Foch de Suresnes (Ile-de-France). Après 35 semaines de vie in utero et 2,550 kg au compteur, la petite Maxine a vu le jour. Et rejoint sa famille, ses parents. Et sa grande sœur Misha, née en 2021, elle aussi grâce à la transplantation utérine dont a pu bénéficier la maman : Déborah, greffée en 2019.

Mais pour quelles raisons la patiente a-t-elle bénéficié de cette technique ? Parce qu’elle souffre d’une agénésie utérine due au syndrome Mayer-Rokitansky-Kuster-Hauser (MRKH). Une maladie congénitale caractérisée par l’absence d’utérus*. Cette pathologie constitue « la première cause d’infertilité utérine absolue congénitale », souligne le Haute autorité de Santé (HAS). En France, sa prévalence est estimée à 1 naissance sur 4 500 : c’est à dire 100 à 200 naissances chaque année en France, et un total de 20 000 femmes impactées en âge de procréer (18 à 40 ans).

Cette prouesse sur le front de l’infertilité est le fruit du travail de l’équipe du Pr Jean-Marc Ayoubi, chef du service de gynécologie, obstétrique et médecine de la reproduction de l’Hôpital Foch et professeur à la faculté de médecine Simone Veil – UVSQ – Paris-Saclay.

Comment se déroule une transplantation ?

La greffe utérine peut s’effectuer à partir d’un prélèvement issu d’un don vivant ou réalisé sur une personne décédée. « L’utérus de la donneuse est ainsi greffé seul sans ovaires ni trompes, et positionné dans la cavité pelvienne de la receveuse en étant suturé au vagin de la receveuse », décrit la HAS. Et combien de temps dure l’opération ? Il faut compter 5 heures en moyenne.

Et après ?

A ce jour, la greffe d’utérus n’est pas généralisée en France. Comme le rappelle la HAS, cette technique appartient encore à « un domaine récent de recherche en plein essor ». Et reste accessible uniquement dans le cadre de programmes cliniques encadrés, déployés dans des centres disposant de plusieurs services : « un centre de PMA, un centre de recherche sur animal, un centre de transplantation d’organes solides, un centre de chirurgie robotique, une maternité prenant en charge les grossesses à haut risque, une équipe de psychologues, un centre de recherche en transplantation utérine et de réunions de concertations pluridisciplinaires », précise la HAS.

Et les critères d’inclusion restent stricts Les femmes qui peuvent en bénéficier doivent être « en bonne santé sans comorbidités, avec une réserve ovarienne satisfaisante et sans antécédents chirurgicaux majeurs ». Des antécédents de cancer restent une contre-indication pour éviter que les traitements immunosuppresseurs ne viennent réactiver les cellules cancéreuses. Reste que « certaines équipes n’excluent pas les antécédents de cancer mais demandent une rémission d’au moins 5 ans », souligne la HAS.

Enfin, à ce jour, le double don d’utérus et de sperme reste interdit en réponse aux infertilités masculines et féminines et/ou aux couples homosexuels. Un point qui pourrait « évoluer dans les années à venir avec l’ouverture récente de la PMA aux femmes seules et aux couples de femmes homosexuelles ». Un droit en vigueur en France depuis la révision de la loi de bioéthique du 2 août 2021.

A noter : un deuxième utérus a été greffé sur une autre patiente en 2022. « Atteinte du même syndrome, elle a bénéficié de la greffe de l’utérus venant de sa sœur », précise l’équipe du Pr Ayoubi.

 

* le syndrome Mayer-Rokitansky-Kuster-Hauser (MRKH) est parfois associé à l’absence de deux-tiers au minimum du vagin

  • Source : Hôpital Foch, le 3 mars 2023 – Haute autorité de Santé (HAS), site consulté le 7 mars 2023

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Édité par : Emmanuel Ducreuzet

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