Greffe rénale : qu’est-ce que le don croisé ?

29 novembre 2022

Dans le cadre d’un don croisé, les patients atteints d’insuffisance rénale chronique peuvent désormais se faire greffer un rein prélevé sur un donneur décédé. Explication de ce mécanisme visant à améliorer l’accès à la plus efficace des approches thérapeutiques.

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En cas d’insuffisance rénale chronique, les patients dans le besoin d’une greffe peuvent bénéficier d’un rein prélevé sur un donneur vivant depuis 70 ans maintenant*. Sur l’année 2021, un total de 502 greffes de rein sur les 3 252 actes réalisés étaient issues du vivant.

L’attente limite, la qualité du greffon augmentée

Depuis la loi de bioéthique du 7 juillet 2011, il existe une autre forme de don proposée dans le cas d’incompatibilité* entre le donneur et le receveur : c’est ce que l’on appelle le don croisé. Le principe : faire entrer quatre personnes – vivantes donc – dans le processus du prélèvement et de la greffe. Pour comprendre, prenons un exemple, avec un premier couple donneur/receveur A et B et un second couple donneur/receveur C et D. A et B se connaissent mais sont incompatibles, C et D également. A va donc donner son rein à D et C donner son rein à B. Ainsi, « chaque donneur des deux paires accepte de donner un rein à un receveur anonyme pour permettre à son proche d’accéder à une greffe. Chaque receveur accepte également de recevoir un rein d’un donneur anonyme », résume l’ABM.

Grâce au don croisé issu du vivant, les receveurs n’ont plus à s’inscrire sur une liste*** dans l’attente d’un organe comme c’est le cas pour les dons post-mortem. Autre point : la qualité des greffons se trouve augmentée comparée à un prélèvement sur un donneur décédé. Le risque de rejet, lui, est diminué (entraînant ainsi une diminution des prescriptions de traitements immunosuppresseurs indiqués pour limiter le risque de rejet). Enfin, l’espérance de vie du receveur est augmentée : « dix ans après la greffe, la survie des greffons prélevés sur donneurs vivants est de 76,3 % contre 61,4 % pour les greffons à partir de donneurs décédés », relève l’ABM.

Au-delà du vivant

Malgré tous ces avantages liés à la greffe rénale par don croisé issu du vivant, l’accès à la greffe reste insuffisant comparé aux besoins. Pour pallier cette pénurie chronique d’organes disponibles, le don croisé à partir d’une personne décédée est désormais autorisé. Une mesure actée dans la loi de Bioéthique du 2 août 2021. La greffe rénale reste en effet la technique la plus efficace auprès des patients atteints d’insuffisance rénale chronique. Et contrairement aux idées reçues, cette approche ne survient pas en dernier recours : elle est à envisager le plus tôt possible.

Sauf que ! Les médecins généralistes, peu informés sur ce point, sensibilisent insuffisamment leurs patients. A l’inverse, le don de rein par un proche vivant – à un stade précoce de la maladie – est bien connu du grand public. Dans le détail, « 98% [des Français, ndlr] savent qu’on peut donner un rein de son vivant à un proche pour soigner les maladies rénales », étaye l’Agence de la biomédecine. « Seuls 7 % pensent qu’il s’agit d’une solution de dernier recours, si les autres traitements » étaient amenés à échouer.

A noter : en France, l’insuffisance rénale chronique terminale affecte 90 000 patients.

*Première greffe rénale issue du vivant réalisé à l’Hôpital Necker-Enfants malades (AP-HP, Paris) par le Pr Jean Hamburger en décembre 1952

**Incompatibilité dans les groupes sanguins des donneurs et receveurs empêchant la greffe rénale

*** « Au 1er novembre 2022, il y avait 9 890 inscrits sur la liste d’attente active pour une greffe de rein (8776 malades en liste inactive) », Agence de la biomédecine

 

  • Source : Agence de la biomédecine, le 28 janvier 2022

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Édité par : Emmanuel Ducreuzet

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