Grève de la faim, 4ème semaine…

31 mars 2006

Le député des Pyrénées-atlantiques, Jean Lassale, s’est lancé dans une grève de la faim depuis le 7 mars pour protester contre le projet de délocalisation de l’usine Toyal. Nos confrères de Pyrénées Presse suivent jour après jour son combat…

Mais aussi son état de santé. Avec eux, Destination Santé a interrogé le Dr Bruno François, anesthésiste-réanimateur au CHU de Limoges. Comme il nous l’explique, les conséquences d’une grève de la faim dépendent de l’âge, de l’état nutritionnel et de santé générale de l’intéressé. Mais aussi de la manière dont est mené le jeûne. Certains grévistes de la faim se privent de tout apport, tandis que d’autres vont continuer à boire de l’eau, sucrée ou non.

Lorsque le jeûne est total, “les premiers signes physiques visibles sont une asthénie – un affaiblissement général, n.d.l.r. – un amaigrissement et une perte progressive d’autonomie “. Puis viennent les états de carence. Ils ne se voient pas forcément mais leur retentissement peut être gravissime.

En effet, l’organisme dispose physiologiquement, d’une réserve de fonctionnement de 10 jours. (Durant ce laps de temps), il va consommer ses stocks énergétiques ‘mobilisables’. Après cette phase il attaque le capital. Il va chercher, dans les graisses et dans les muscles, le combustible nécessaire à son fonctionnement. Mais il y a aussi le problème des besoins en vitamines, en oligo-éléments et minéraux comme le fer, le zinc, le cuivre. Autant de substances essentielles au fonctionnement de l’organisme. Lorsque ce dernier en manque, cela peut aussi provoquer des troubles hormonaux.

Bruno François prend l’exemple de la vitamine K. “A très long terme, c’est-à-dire après un jeûne de 3 à 4 semaines, le risque d’avitaminose est élevé. Par exemple si vous ne mangez pas de vitamine K pendant une longue période, le foie n’arrive plus à fabriquer de facteur de coagulation du sang. A ce moment-là, au moindre traumatisme vous courez le risque d’hémorragies.

Comme le confirme notre spécialiste, “physiologiquement notre organisme préserve toujours au maximum les organes nobles : le coeur et le cerveau. Mais au bout de plusieurs semaines de jeûne, les carences sont telles que l’on constate une baisse des performances cérébrales qui peut être parfois, irréversible“. Au stade ultime, c’est logiquement la mort. Mais selon Johanna Siméant, professeur de sciences politiques à l’Université Lille 2 et qui a longuement étudié ce mode de protestation, “les rares grèves de la faim menées jusqu’à la mort ont surtout lieu en prison. Les autres, même les plus longues, ne vont jamais jusque là. En tout cas en France. Quand le gréviste devient inconscient, ses proches le font généralement hospitaliser“.

  • Source : Interview du Dr Bruno François - Crédit Photo - André Laxalt

Destination Santé
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