Grève des médecins : pour y voir plus clair!
07 janvier 2015
Le principe du tiers-payant est déjà mis en place auprès des patients défavorisés, soit les bénéficiaires de la couverture maladie universelle (CMU), de la CMU-complémentaire et l’aide médicale d’état (AME). ©Phovoir
Opposée au projet de loi santé du gouvernement, une partie du corps médical français poursuit son mouvement de grève initié le 23 décembre. Aujourd’hui, la moitié des cabinets de consultation sont fermés. Les médecins sont en désaccord avec la généralisation du tiers-payant, décision sur laquelle la ministre de la santé a confirmé ne pas vouloir revenir, ce mardi 6 janvier. A quoi correspond le tiers payant ? Quels sont les autres motifs de la grève ?
Marque du désaccord avec le projet de loi de Marisol Touraine, le mouvement de grève lancé à la veille de Noël et jusqu’au 30 décembre a repris de l’ampleur ce lundi 6 janvier. « Il n’est plus possible de laisser perdurer une situation qui veut que la médecine générale demeure une spécialité dévalorisée, sous dotée en moyens, tant du point de vue de la formation des futurs praticiens que de celle des médecins en exercice », a expliqué Claude Leicher, président du syndicat MG France.
Médecins en colère
Seul 1 médecin généraliste sur 2 serait aujourd’hui en mesure de recevoir ses patients. Parmi ceux qui ont maintenu leur rythme de consultation, beaucoup ont choisi de boycotter l’utilisation de la carte vitale. Ainsi, privilégiant l’envoi postal de la traditionnelle feuille de soins par le patient lui-même, les médecins souhaitent-ils submerger l’Assurance-maladie de tâches administratives. Ce qui, à terme, ralentirait le système de remboursement auprès des patients. Voilà pour la forme.
Dans le fond, cette décision est un message d’alerte pour prouver à quel point la généralisation du tiers-payant – mesure dont la mise en place progressive est prévue entre 2015 à 2017 – viendrait ralentir l’exercice des médecins proprement dit. En effet, si cette mesure – à laquelle 95% des médecins généralistes s’opposent – passe, les praticiens auront davantage de travail hors cadre médical dans le but de percevoir leurs honoraires. Les 23 euros, tarif d’une consultation en secteur 1, lui seront versés par la Sécurité sociale et les mutuelles. Le problème ? Il existe en France tellement de mutuelles que les médecins prévoient d’ores et déjà des complications administratives.
Le tiers-payant, mais encore ?
D’autres points de revendication sont aussi à la base de ce mouvement de grève :
- Pour pallier les déserts médicaux, les mesures concrètes semblent manquer à l’appel, tout comme le « manque d’enseignants dans les facultés de médecine » ;
- Pour plus de reconnaissance, les médecins de secteur 1 réclament une augmentation du prix de leur consultation. Celui-ci n’a pas augmenté en 4 ans. « Nous avons des consultations de plus en plus denses, toujours à 23 euros, avec des patients de plus en plus âgés, polypathologiques. On ne peut plus continuer à travailler ainsi », décrit Claude Leicher. Les médecins revendiquent aujourd’hui un coût de 25 euros par consultation.
Les répercussions de la grève dans les semaines à venir ne sont pas connues. Marisol Touraine doit cependant recevoir les principaux représentants de médecins généralistes le 12 janvier prochain.
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Source : Syndicat MG France, janvier 2015
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Ecrit par : Laura Bourgault – Edité par : Dominique Salomon