Grippe aviaire : A/H6N1, un nouveau venu chez l’Homme
14 novembre 2013
Pour la première fois, le virus A/H6N1 frappe l’Homme. ©www.cdc.gov.tw
Dans la revue The Lancet, des médecins taïwanais rapportent pour la première fois chez l’Homme, un cas de grippe H6N1. D’après ses auteurs, cette souche apparaît, pour le moment « peu pathogène ». Son évolution est toutefois suivie de très près par les scientifiques. Comme tous les virus grippaux, il est en effet susceptible de subir de nombreuses mutations ou réassortiments.
Après A/H7N9 apparue en avril dernier en Chine, un nouveau virus grippal a frappé une jeune taïwanaise de 20 ans. Elle a présenté des symptômes grippaux classiques et a été traitée avec succès par oseltamivir. Les prélèvements effectués ont permis de mettre en évidence une souche jusqu’ici inconnue chez l’Homme : A/H6N1.
Rappelons qu’un virus se définit donc par son type mais aussi par son sous-type, caractérisé par deux protéines présentes à la surface du virus : l’hémagglutinine donc et la neuraminidase, que l’on retrouve dans la nomenclature des virus sous leurs initiales respectives, H et N. C’est donc la première fois que le sous-type H6 est ainsi décrit chez l’Homme.
Une nouvelle menace ?
Selon les scientifiques des Centres for Disease Control de Taïwan, cette souche A/H6N1 circulait chez le poulet depuis plusieurs années. « Sur le plan génomique, la souche retrouvée est proche de celle de l’animal », explique l’un des auteurs, le Dr Ho-Sheng Wu. A la différence près qu’elle présente une mutation au niveau de l’hémagglutinine, la rendant au passage, « adaptable » à l’Homme.
Les scientifiques ignorent la source de l’infection. « La jeune femme travaillait dans une épicerie », expliquent-ils. « Elle ne s’est pas rendue à l’étranger au cours de ces derniers mois, n’a pas été en contact avec des volailles ou des oiseaux sauvages ». Une enquête a également été conduite auprès de 36 ‘personnes-contacts’. « Aucun n’était infecté par A/H6N1 ».
Selon le Dr Wu, « cette souche est peu pathogène. Mais ce type de virus évolue sans cesse, augmentant à chaque fois le risque d’infections humaines. Dans tous les cas, des investigations complémentaires doivent être conduites pour identifier plus clairement la menace que peut constituer A/H6N1 ».
Depuis le Centre national de référence pour la grippe à l’Institut Pasteur (Paris), le Dr Vincent Enouf explique que « l’on ne sait effectivement pas grand-chose sur ce virus. En revanche, ce travail montre que la menace viendra un jour ou l’autre du monde aviaire ».
Ecrit par : David Picot – Edité par : Emmanuel Ducreuzet
-
Source : The Lancet Respiratory Medicine, 14 novembre 2013, 14, 2013 http://dx.doi.org/10.1016/S2213-2600(13)70221-2 - Interview du Dr Vincent Enouf, 14 novembre 2013