Grippe : les femmes enceintes protégées contre les formes graves ?
06 décembre 2024
Selon une étude, une barrière immunitaire contre la grippe se mettrait en place durant la grossesse. Cette défense supplémentaire empêcherait la dissémination du virus dans les poumons et protégerait la mère d’une atteinte pulmonaire. Des résultats qui pourraient venir bousculer l’idée selon laquelle être enceinte accroit le risque de forme grave de la maladie.
Les femmes enceintes sont-elles moins à risque de développer une forme grave de la grippe ? C’est en tout cas ce que suggèrent les résultats d’une étude menée par les chercheurs de l’Université McGill (Canada), publiés dans la revue ScienceAdvances.
Chez la souris, la grossesse renforce une défense immunitaire qui empêche le virus de la grippe A de se répliquer et notamment de se propager aux poumons, où il peut provoquer une infection grave. « Une mère doit rester en bonne santé pour protéger son bébé en développement, c’est pourquoi le système immunitaire s’adapte pour renforcer ses défenses. Cette réponse fascinante dans la cavité nasale est la façon dont le corps ajoute une couche de protection supplémentaire, qui s’active pendant la grossesse », souligne le Dr Maziar Divangahi, co-auteur principal de l’étude, professeur à la Faculté de médecine et des sciences de la santé de McGill.
Une protection dans le nez et les voies supérieurs
Concrètement, chez le modèle murin, un certain type de cellules immunitaires s’active dans la cavité nasale pour produire une molécule, l’interleukine 17, connue notamment pour son rôle central dans l’immunité innée. Cette protéine renforce les défenses antivirales de l’organisme, en particulier dans le nez et les voies respiratoires supérieures. « Le virus de la grippe A demeure l’une des menaces les plus mortelles pour l’humanité », a déclaré la première autrice Julia Chronopoulos. « Cette immunité naturelle pendant la grossesse pourrait changer notre façon de considérer la protection contre la grippe pour les femmes enceintes ».
Pourtant, en France, comme au Canada, où a été réalisée l’étude, il est recommandé aux femmes enceintes de se faire vacciner contre la grippe. Elles sont considérées comme à risque de développer une forme grave de la maladie. « La grossesse entraîne en effet une modification de l’immunité, elle favorise le risque d’infection bactérienne avec la survenue possible de complications pulmonaires et cardiaques », écrit Ameli.fr. La femme enceinte serait aussi plus susceptible de faire une forme longue. Et une fièvre élevée pourrait également être dangereuse pour le bon déroulement de la grossesse.
Des traitements inspirés de cette barrière naturelle ?
Selon les auteurs de l’étude, leur découverte ouvre la voie à des vaccins plus ciblés contre la grippe. Elle pourrait aussi bénéficier à l’ensemble de la population. « La population en général pourrait également en bénéficier, car nos résultats suggèrent que la réponse immunitaire que nous avons observée pourrait se reproduire au-delà de la grossesse », estime le co-auteur principal, le Dr James Martin, professeur à la Faculté de médecine et des sciences de la santé de McGill. L’idée ? produire des vaccins ou traitements qui augmentent la production nasale de l’interleukine 17.
A noter : chaque année, en France, l’épidémie de grippe est en moyenne responsable de 20 000 hospitalisations et 9 000 décès.
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Source : Pregnancy enhances antiviral immunity independent of type I IFN but dependent on IL-17–producing γδ+ T cells in the nasal mucosa, ScienceAdvances, 2 septembre 2024; Ameli.fr ; Santé publique France
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Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet