Grippe : pourquoi s’en protéger ?

12 décembre 2022

Trop souvent considérée comme une infection bénigne, la grippe peut pourtant avoir des conséquences graves comme des hospitalisations voire même des décès chez les personnes fragiles. Elle pèse aussi lourdement sur notre système de santé déjà mis à rude épreuve ces dernières années, mais aussi ces dernières semaines avec l’épidémie de bronchiolite et la persistance de la circulation du SARS-CoV-2. Autant d’arguments qui plaident en faveur de la vaccination des personnes à risque.

Où en est l’épidémie de grippe ?

Selon les dernières données de Santé publique France, 9 régions sont en phase épidémique : Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté, Bretagne, Centre-Val de Loire, Grand Est, Île-de-France, Hauts-de-France, Normandie et Provence-Alpes-Côte d’Azur. Par ailleurs 4 autres régions sont dites en phase pré-épidémique : Corse, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie et Pays de la Loire.

Le taux d’incidence des consultations pour syndrome grippal est établi à 201 pour 100 000 habitants, soit une augmentation de 39% par rapport à la semaine précédente. Le taux de positivité était de 25,9% en médecine ambulatoire (+8 points) et de 3,9% en milieu hospitalier (+0,9 point). On observe également une forte augmentation du nombre de passages aux urgences (3 352 contre 1 729), la semaine dernière. Au total depuis le début du mois d’octobre, 32 cas graves de grippe ont été admis en réanimation.

Quelles prévisions ?

Selon le Dr Anne Mosnier, médecin généraliste et épidémiologiste à Paris, « la grippe est toujours très imprévisible, nous ne savons jamais vraiment à quoi nous attendre. Cela dit, nous disposons de quelques indices laissant penser que le virus devrait circuler davantage cette année que les deux précédentes. Les données de surveillance diffusées par Santé publique France montrent déjà un niveau de circulation notable, avec plusieurs régions métropolitaines en situation pré-épidémique, et des régions en épidémie depuis la semaine du 20 novembre. Nous disposons aussi de l’exemple de l’hémisphère sud, où la grippe circule pendant notre printemps et notre été. L’Australie a connu une vraie épidémie de grippe, certes assez classique mais très précoce. Aujourd’hui, impossible de dire quelle sera l’intensité de l’épidémie de grippe en France, mais on peut déjà dire, sans trop risquer de se tromper, que la grippe va circuler. »

Des personnes à risque de grippe sévère ou compliquée à mobiliser

Les populations les plus à risque de complications et visées par la campagne de vaccination contre la grippe sont les personnes âgées de 65 ans et plus, les personnes de moins de 65 ans atteintes de certaines maladies chroniques, les femmes enceintes et les patients souffrant d’obésité. Mais, pour protéger les plus fragiles, il est aussi recommandé de vacciner l’entourage des nourrissons de moins de 6 mois à risque de grippe grave et celui des personnes immunodéprimées, sans oublier les professionnels de santé et du voyage. La vaccination est également recommandée pour les personnes séjournant en collectivité dans des établissements médicaux et sociaux.

« L’intérêt de la vaccination contre la grippe chez les personnes qui sont ciblées par les recommandations, c’est de réduire le risque de faire une forme sévère de grippe, de faire une décompensation de leurs maladies chroniques, de perdre leur autonomie, et pour les plus âgées de réduire le risque de décès prématuré lié à cette grippe », explique le Dr Anne Mosnier. « Pour la femme enceinte, l’objectif c’est de diminuer le risque de complications respiratoires de la maman et de protéger son nourrisson quand il va naître. ».

Aujourd’hui le parcours vaccinal est simple. « Les médecins, les infirmières, les pharmaciens, les sage-femmes peuvent vacciner. Vous n’êtes plus obligés de passer par une prescription médicale », précise le Dr Anne Mosnier. « Par ailleurs, si vous êtes à risque et que vous n’avez pas reçu votre bon de l’Assurance-maladie, vous pouvez demander à ces professionnels de le rééditer. » Notre spécialiste rappelle enfin que « se vacciner, c’est aussi prendre soin des autres. »

Des gestes barrière en recul

« Nous sommes un peu inquiets cette année à cause du relâchement des gestes barrière. Après avoir fait beaucoup d’effort ces deux dernières années en portant le masque, en se lavant régulièrement les mains, en aérant nos lieux de vie, ces règles ne sont plus observées cette année. Or le relâchement des gestes barrière peut participer à une diffusion plus large du virus », indique Anne Mosnier. « J’insiste donc sur l’importance de vacciner les personnes à risque de grippe sévère ou compliquée mais aussi, pour tous, de faire les efforts pour veiller au respect des gestes barrière qui protègent contre tous les virus respiratoires de l’hiver. Avec pour objectif de limiter aussi l’impact sur les services hospitaliers qui sont à bout de souffle, ce qui complexifie la prise en charge. »

Soyons d’autant plus vigilants à l’approche des Fêtes de fin d’année, une période à risque pour la diffusion des virus hivernaux. A cause des rassemblements familiaux où plusieurs générations sont mélangées, notamment les plus fragiles. 

Est-il encore temps de se vacciner ?

Selon le Dr Anne Mosnier, « la grippe est là et il ne faut plus attendre : mais il est encore temps de se faire vacciner d’autant que l’épidémie de grippe n’a pas encore débuté partout ».

De la vaccination à la protection : Il faut compter une quinzaine de jours pour que les personnes vaccinées soient protégées par les anticorps produits grâce au vaccin.

Quel professionnel est habilité à vous vacciner ?

Les professionnels de santé habilités à vacciner contre la grippe sont les médecins, les infirmiers, les pharmaciens et les sage-femmes. Prenez contact avec votre professionnel de santé qui pourra vous renseigner.

  • Source : Grippe – Bulletin hebdomadaire – Santé publique France – Semaine 48

  • Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : Dominique Salomon

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