Grippe : vaccination sous tension ?

12 octobre 2020

La campagne de vaccination antigrippale 2020-2021 démarre ce mardi 13 octobre. Elle sera dans un premier temps réservée aux personnes prioritaires. Mais, Covid-19 oblige, elle est largement encouragée pour éviter la conjonction de deux épidémies. 30% de doses supplémentaires ont ainsi été commandées.

Elle s’avance doucement au comptoir de cette petite officine d’un quartier nantais, son bon de la Sécurité sociale à la main. « Je viens chercher mon vaccin contre la grippe », explique la vieille dame, qui fait partie des 16 millions de personnes prioritaires. C’est un peu trop tôt, lui explique la pharmacienne. La campagne ne démarre que ce mardi. « Est-ce qu’il est possible de réserver le vaccin ? », demande la dame. C’est impossible, car à la veille du lancement de la campagne, la pharmacie n’en a reçu que 250. Mais que la dame ne s’inquiète pas : elle est prioritaire, elle pourra avoir son vaccin dès le début d’une campagne de vaccination qui s’annonce très particulière.

Risques cumulés

L’Académie de médecine avait lancé l’alerte dès le mois de mai, au lendemain de la première étape du déconfinement : « Les incertitudes sur la survenue d’une deuxième vague de l’épidémie de Covid-19 et sur l’ampleur de la prochaine grippe saisonnière doivent faire envisager le scénario catastrophique dans lequel la conjonction des deux épidémies entraînerait un engorgement des services de réanimation et un nouveau pic de surmortalité, en particulier dans les EHPAD ». Quelques mois plus tard, la deuxième vague est là, les appels à vacciner largement contre la grippe se sont multipliés, faisant craindre une rupture de stock.

Au point que la Direction générale de la santé a, dans un courrier à l’Ordre national des pharmaciens daté du 20 août, demandé explicitement à ce que « les doses de vaccins contre la grippe soient réservées aux seules populations ciblées par les recommandations vaccinales 2020 ». C’est-à-dire les plus de 65 ans, les personnes souffrant de certaines maladies chroniques ; les femmes enceintes ; les personnes souffrant d’obésité. Autant de populations chez lesquelles la grippe peut entraîner des complications telles que des infections pulmonaires bactériennes graves ou l’aggravation d’une maladie chronique déjà existante (diabète, bronchopneumopathie chronique obstructive, insuffisance cardiaque). Ces personnes devraient se voir attribuer prioritairement les vaccins, au moins jusqu’au 30 novembre. Elles sont incitées à se faire vacciner dès le début de la campagne : il faut 15 jours pour que le système immunitaire réagisse au vaccin.

30% de doses supplémentaires

Et ensuite ? Il y a quelques jours, l’Académie de pharmacie a alerté sur le risque d’« une psychose qui pourrait, via une demande trop importante, entraîner des ruptures ». Un risque anticipé par le gouvernement français qui a commandé 30% de doses supplémentaires par rapport aux années précédentes, a annoncé fin septembre devant le Sénat le ministre de la Santé. De leur côté, les fabricants mondiaux des vaccins contre la grippe ont fait savoir qu’ils avaient fortement augmenté leurs capacités de production.

A noter : La campagne de vaccination 2020-2021 débute le 13 octobre 2020 et se termine le 31 janvier 2021. Gratuit pour les personnes prioritaires et les personnels de santé, le vaccin peut être administré par les médecins, les infirmiers, les sages-femmes et les pharmaciens volontaires.

  • Source : Ordre national des pharmaciens, Académie nationale de pharmacie, Académie nationale de médecine, Haute autorité de santé, Ameli.fr – consultés le 12 octobre 2020

  • Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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