Hausse de la mortalité infantile : les 10 recommandations de la HAS pour inverser la tendance

21 mai 2025

La mortalité infantile augmente en France ces dernières années. Les causes sont multifactorielles dont la survenue d’événements indésirables liés aux soins (EIGS). Après analyse de 328 EIGS, la Haute Autorité de Santé formule 10 recommandations pour inverser cette courbe préoccupante.

En France, un enfant sur 250 meurt avant son 1er anniversaire. En 2024, un quart de ces décès ont eu lieu dès le jour de la naissance de l’enfant. La France ne figure qu’au 22e rang européen en matière de mortalité infantile, avec un taux supérieur à la moyenne européenne.

Et malgré les recommandations et décisions des autorités politiques, les indicateurs de de la santé périnatale ne s’améliorent plus. Entre 2011 et 2024, le taux de mortalité infantile a augmenté, passant de 3,5 ‰ (pour mille naissances) à 4,1 ‰ en 2024. Une hausse qui s’explique principalement par celle de la mortalité de 1 à 27 jours de vie, qui est passée de 1,5 ‰ à 2,0 ‰ sur cette période. Avec des causes multiples et parfois mal comprises, il paraît urgent de réformer les soins et la prise en charge des mères et des nouveau-nés.

Après la Cour des comptes et la mission sénatoriale d’information sur l’avenir de la santé périnatale en 2024, c’est au tour de la Haute autorité de Santé de se saisir du sujet. Mercredi 21 mai, elle publie une liste de 10 recommandations qui s’appuie sur l’étude de 328 événements indésirables graves associés aux soins (EIGS) survenus spécifiquement chez des nouveau-nés, entre le 1er mars 2017 et le 27 mai 2024. Pour rappel, depuis 2017, les EIGS sont déclarés par les professionnels de santé, anonymisés par les ARS et transmis à la HAS.

57 % de ces événements dramatiques jugés évitables

Les conséquences principales des EIGS ont été le décès dans 54 % des déclarations, une mise en jeu du pronostic vital dans 31 % des déclarations et un probable déficit fonctionnel permanent (exemples : nécroses cutanées et séquelles neurologiques) dans 15 % des déclarations. Parmi les 179 EIGS ayant entraîné un décès, 42 déclarations concernaient des enfants mort-nés (8 cas de mort fœtale in utero et 34 cas d’enfants nés vivants avec échec de la réanimation).

Les déclarants ont jugé que 57 % de ces EIGS étaient évitables ou probablement évitables. Parmi les causes immédiates, la HAS cite les erreurs en lien avec la prise en charge obstétricale (défaut de surveillance notamment), les erreurs liées aux soins ou à l’organisation des soins (notamment les infections liées aux soins) et les erreurs médicamenteuses. « Quant aux causes profondes, il s’agit principalement de facteurs liés aux patients (notamment l’état de santé du nouveau-né et de la mère) ; aux tâches à accomplir (protocole incomplet voire absent, ou encore méconnu des professionnels impliqués dans la prise en charge) ; ou à l’équipe (défaut de communication, difficultés liées aux transmissions et alertes) », ajoute la HAS.

10 recommandations

Elle formule 10 recommandations pour assurer la sécurité des bébés à la naissance.

  1. s’assurer systématiquement des compétences (techniques et non techniques) des professionnels exerçant en gynécologie-obstétrique et en pédiatrie néonatale.
  2. garantir l’accès de tous les professionnels de santé impliqués à l’ensemble des informations médicales nécessaires à la prise en charge des nouveau-nés et de leur mère.
  3. lutter contre les erreurs diagnostiques (diagnostic retardé, erroné, manqué ou non communiqué au patient).
  4. mieux prendre en charge les grossesses et accouchements à risque.
  5. améliorer la prise en charge de la réanimation néonatale en maternité.
  6. mieux prévenir les risques de chute et d’étouffement du nouveau-né à la maternité.
  7. respecter systématiquement les bonnes pratiques de prise de décision des transferts in utero et périnataux.
  8. poursuivre la sécurisation de la prise en charge médicamenteuse et de l’utilisation des dispositifs médicaux.
  9. renforcer la sécurité des accouchements accompagnés à domicile et des accouchements en maison de naissance.
  10. faire évoluer le formulaire de déclaration des EIGS et améliorer la qualité des déclarations.

La HAS a en outre introduit de nouveaux critères de certification des établissements de santé : la prévention des risques obstétricaux majeurs et des équipes permettant de sécuriser la prise en charge du nouveau-né.

  • Source : HAS, Insee

  • Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet

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