











Accueil » Santé Publique » Médicaments » Hémorroïdes : dérembourser les médicaments, c’est dangereux ?
En septembre 2002, le Ministre de la Santé, Jean-François Mattei, a annoncé qu’une commission spécialisée devrait réévaluer le Service Médical Rendu (SMR) des médicaments commercialisés avant 1999. S’il est jugé « insuffisant », ils seront déremboursés.
L’exemple des veinotoniques, prescrits entre autres pour les hémorroïdes mais aussi les diverses formes de la maladie veineuse, est édifiant. Leur SMR a été jugé « insuffisant » et cela bizarrement, sur une base en quelque sorte ‘collective’ et non à l’issue d’une expertise individuelle.
Ils seront donc théoriquement tous déremboursés en 2004. Selon le Dr Philippe Godeberge, Secrétaire Général de la Société nationale française de Colo-Proctologie, le danger de ce déremboursement est d’aboutir soit à une substitution dangereuse : « d’autres médicaments remboursés seront prescrits, comme les anti-inflammatoires non stéroïdiens susceptibles de provoquer des accidents », soit à une automédication systématique et là, un autre problème surgit : « Le déremboursement des veinotoniques supprimerait le filtre de la consultation, qui permet de diagnostiquer les cancers du colon et du rectum ».
Un filtre indispensable à la sécurité du malade. Car en effet, les phlébotropes n’étant plus remboursés sur prescription médicale, les patients ne consulteraient plus leur médecin, se contentant du conseil du pharmacien. Or, pour les maladies colorectales « on ne peut déterminer l’origine d’un saignement à partir de la simple description du patient ». Et le Dr Godeberge d’ajouter que l’on peut donc « s’attendre à un recul du diagnostic et à (la multiplication de) cas plus sévères ».
Aujourd’hui, 12% à 22% des cancers colorectaux sont détectés au cours de consultations motivées par de simples saignements. Comme il peut se passer environ 18 mois entre les premiers symptômes et la consultation, qu’adviendra-t-il des patients qui ignoreront leur maladie faute de consultation ? Le déremboursement pourrait dans ce cas, poser un véritable problème de santé publique.
Source : Impact Médecine, n°42, 13 juin 2003; Science et Vie, n°1027, avril 2003 ; SNFCP (Société Nationale Française de Colo-proctologie) ; interview du Dr Philippe Godeberge.
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