Hépatite C : très cher traitement…
20 novembre 2014
En France, 200 000 personnes sont touchées par le virus de l’hépatite C. ©Phovoir
Efficace mais très onéreux. C’est ainsi que l’on pourrait qualifier le Solvadi®, un traitement contre l’hépatite C considéré comme révolutionnaire au vu des résultats de deux études soutenues par l’Agence nationale de Recherches sur le Sida et les Hépatites virales (ANRS). Problème, son prix en fait un gouffre financier pour l’Assurance-maladie. Heureusement, ce 20 novembre, le Gouvernement se félicite d’un accord avec le laboratoire qui commercialise ce produit. Retour sur une histoire de gros sous.
L’arrivée sur le marché français d’une nouvelle molécule contre l’hépatite C, le sofosbuvir (Solvadi®), un antiviral à action directe (AAD) suscite depuis plusieurs mois l’indignation de l’opinion publique. En cause, le prix (élevé) exigé par le laboratoire (Gilead) qui le produit. En septembre dernier, la fédération SOS Hépatites expliquait que « le prix initialement exigé est de 56 000 euros le traitement (12 semaines) pour un coût maximal de production estimé à 80 euros ». Et de continuer, « pour pouvoir traiter les 128 000 personnes qui en ont un besoin urgent en France, il faudrait débourser l’équivalent de l’intégralité du budget 2014 de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) soit 7 milliards d’euros. »
Un constat confirmé par les résultats d’une étude soutenue par l’ANRS. Les auteurs ont calculé les coûts de traitement en considérant que tous les patients avec une fibrose avancée seraient traités par antiviraux à action direct (comme le sofosbuvir) au cours des trois prochaines années, soit un peu moins de 32 000 patients. Résultat, l’impact budgétaire du traitement par AAD serait compris entre 2,3 et 3,1 milliards d’euros pour les trois années considérées.
Pour le Pr Jean-François Delfraissy, directeur de l’ANRS, « cette étude confirme que le coût des AAD risque de peser sur notre système de santé. C’est une situation qui justifie que le “juste prix” de ces médicaments soit appliqué dans un contexte médical de “juste prescription”. »
Un accord enfin trouvé
Ce 20 novembre, le ministère en charge de la Santé explique qu’au terme de négociations « avec le premier laboratoire qui commercialise ces produits, le comité économique des produits de santé (CEPS) a fixé le prix du médicament Sovaldi® à 13 667euros hors taxes par boîte de 28 comprimés. » Soit 41 000 euros pour un traitement de trois mois en lieu et place des 56 000 initialement pratiqués.
Marisol Touraine se félicite de cet accord et ajoute que « compte tenu du caractère irremplaçable et particulièrement coûteux de ce traitement, (le ministère) a décidé de supprimer la participation financière de l’assuré pour ce médicament qui sera donc pris en charge à 100% par l’Assurance-maladie ».
Même si cela représente toujours une somme importante, le laboratoire Gilead se défend et explique que « cet accord est aussi bénéfique à la collectivité grâce aux économies qui vont pouvoir être réalisées (cirrhoses, hospitalisations, cancer du foie et transplantations évités)… »
Un traitement vraiment efficace ?
Rappelons que les AAD apparaissent comme une révolution pour les patients atteints d’hépatite C. Une récente étude de l’ANRS montre notamment que chez les patients transplantés hépatiques présentant une complication sévère liée à la réinfection du greffon par le VHC- et placés sous traitement – aucun décès n’avait été constaté et aucune nouvelle transplantation n’avait été nécessaire.
« La mise à disposition immédiate d’un traitement complet (Sovaldi® associé à un deuxième agent) permet 90% à 100% de guérison virale », conclut le laboratoire Gilead.
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Source : Ministère des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes – Laboratoire Gilead, 20 novembre 2014
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Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Dominique Salomon