Hépatite et SEP : où est la peste, où est le choléra ?

21 septembre 2004

L’article publié par la revue Neurology corroborant la relation entre le vaccin anti-VHB et la sclérose en plaques (SEP) a pour le moins fait sensation. Même la très légaliste AFSSaPS y a répondu sans attendre la date d’embargo fixée par l’éditeur…

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) n’a pas été en reste, publiant elle aussi une mise au point très argumentée. Alors s’agit-il d’un pavé dans la mare ou… de beaucoup de bruit pour rien? Aujourd’hui et en attendant plus ample informé -particulièrement les réunions du Groupe européen et de la Commission française de Pharmacovigilance qui doivent se tenir à Londres et Paris ces jours-ci- les tenants de la seconde hypothèse tiennent la corde…

Les informations diffusées depuis quelques jours étaient publiques et connues de longue date. Depuis le mois de décembre 2003 pour être précis. C’est à ce moment que l’OMS et l’AFSSaPS ont eu connaissance des résultats du travail mené, à partir de statistiques britanniques, par Miguel Hernàn et al, de Boston. Lesquels estiment donc “que la vaccination contre l’hépatite B a été associée à une augmentation de 300% du risque de SEP dans les 3 ans suivant la vaccination” Un chiffre impressionnant dans l’absolu, surtout présenté dans un contexte statistique évocateur. Plus de 350 millions de sujets porteurs d’une hépatite B chronique dans le monde indiquent les auteurs, dont 65 millions mourront d’une cirrhose ou d’un cancer primitif du foie…

Hernàn et ses collaborateurs ont apparemment tout mis en oeuvre pour déterminer si le vaccin, “efficace à plus de 95% et le premier à offrir une protection contre un cancer humain” doit être exonéré de toute culpabilité. Près de 3 millions de Britanniques ont été étudiés sur des informations remontant à 1987 par exemple. Mais avec des résultats finalement assez minces. Les auteurs eux-mêmes le soulignent, “93% des cas de SEP observés dans notre étude ont concerné des sujets non vaccinés“.

L’OMS favorable à la poursuite des études
A Paris, les réactions sont pour le moins réservées. A l’OMS le Comité Consultatif Global sur la Sécurité des Vaccins (GACVS) “ne considère pas que les résultats fournissent des éléments convaincants en faveur de l’hypothèse (selon laquelle) l’immunisation avec le vaccin recombinant contre l’hépatite B soit associée à un risque accru de sclérose en plaques.” Il souligne notamment que “les conclusions des auteurs dépendent de seulement 11 cas de SEP survenus chez des patients adultes vaccinés contre l’hépatite B.” Un échantillon trop réduit pour en tirer une interprétation définitive, dans un sens ou dans un autre. D’autres biais -méthodologiques notamment- sont soulignés par le Comité. Ils sont détaillés dans un rapport circonstancié qui souligne entre autres “que des différences minimes dans les données enregistrées rendraient les résultats et les conclusions non significatifs.”

Des biais également signalés par l’éditorial de Neurology qui couvre l’article de Hernàn. Car parmi les 713 cas initiaux de SEP enregistrés dans l’étude souligne le GACVS, “seuls 163 ont été retenus. Et seulement 11 cas (de sujets) vaccinés ont été employés pour calculer les risques relatifs. Ce processus de sélection, aussi soigneux soit-il, entraîne des problèmes méthodologiques et des risques de biais non maîtrisés. L’article ne fournit pas suffisamment d’information sur les cas exclus de l’analyse.

Bref et pour l’heure, les représentants de l’Organisation concluent en faveur du statu quo et de la poursuite des études. De nombreux travaux -dont les références figurent dans le rapport- ont conclu différemment de celui mené par Hernàn. De sorte que pour le GAVCS, “il est important que les questions soulevées par Hernán et ses collègues soient considérées. Mais à ce jour, les données et les arguments présentés (…) sont insuffisants pour soutenir l’hypothèse d’une association entre vaccination contre l’hépatite B et SEP, et ne justifient pas l’interruption ou la modification des programmes de vaccination contre l’hépatite B. Le bénéfice de santé publique de ces programmes à travers le monde n’est plus à démontrer.

  • Source : Eurosurveillance, vol. 8, issue 33

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