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On le soupçonnait, c’est maintenant confirmé par une étude, le nombre de cancers du sein augmente chez les femmes jeunes en France. Selon ce travail, publié dans la revue The Breast, celui-ci a augmenté, entre 1990 et 2023, de 16,1 à 26,3 cas pour 100 000 personnes-années chez les femmes de 30 ans (c’est-à-dire les femmes de 30 ans suivies pendant un an, ndlr), de 98,7 à 131,2 cas chez les femmes de 40 ans. Selon cette étude dirigée par le Pr. Pascal Pujol, oncologue et président de la Société française de médecine prédictive personnalisée (SFMPP), les cancers précoces ont bondi de 63 % chez les femmes de 30 ans, de 33 % chez les femmes de 40 ans. Pour parvenir à ces résultats, les chercheurs ont compilé des milliers de données issues du registre des cancers du réseau Francim : 5 280 427 personnes ont été évaluées par an durant la période de suivi, 229 352 cas de cancer du sein ont été diagnostiqués.
Si une hausse des cas a été constatée dans toutes les tranches d’âge (sauf pour les femmes de 60 ans), cette augmentation chez les femmes jeunes est préoccupante car ces cancers sont souvent plus agressifs.
La tendance est la même aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. Ainsi, selon l’American Cancer Society, le taux de variation annuel moyen de l’incidence du cancer du sein a augmenté de 1% entre 2012 et 2021 et cette hausse est plus rapide chez les jeunes femmes (1,4 %/an) que chez les plus âgées (0,7 %/an).
Au Royaume-Uni, l’incidence du cancer chez les 25–49 ans a augmenté de 22 % entre 1993–95 et 2016–18, contre 9 % chez les plus de 75 ans. Les auteurs de l’étude précisent qu’une évolution similaire a également été observée dans les pays du nord de l’Europe (Danemark, Finlande, Norvège, Suède).
Une étude américaine a montré que la hausse de l’incidence chez les femmes jeunes concerne surtout des cancers hormonodépendants. Une évolution des facteurs hormonaux pourrait ainsi expliquer cette hausse de cancers :
Toutefois, les auteurs de l’étude notent que ces facteurs hormonaux ne peuvent pas expliquer à eux seuls l’augmentation de ces tumeurs. Ils soupçonnent ainsi :
Les Etats-Unis ont d’ores et déjà baissé l’âge recommandé pour le dépistage du cancer du sein de 50 à 40 ans. De l’autre côté de l’Atlantique, le groupe d’experts européens de l’ECIBC chargé des recommandations européennes sur le dépistage du cancer du sein a estimé que si le bénéfice risque était défavorable à une baisse de l’âge recommandé à 40 ans, il préconise une première invitation à 45 ans. Faudrait-il en France suivre ces préconisations ? C’est la question que soulèvent les auteurs de l’étude.
Source : Increasing incidence of breast cancer in young women over time Pujol, Pascal et al. The Breast, Volume 83, 104555
Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet