Homosexualité et don de sang : pas plus de risques de VIH
14 novembre 2018
Happy-cake-Happy-cafe/Shutterstock.com
En juillet 2016, un arrêté donnait la possibilité aux hommes homosexuels de donner leur sang. Mais sous certaines conditions contraignantes, comme ne pas avoir eu de relations sexuelles durant les 12 derniers mois. Deux ans après, ces critères d’exclusion sont-ils respectés ? Cela impacte-t-il le taux de dons positifs au VIH ? Santé publique France dresse un bilan.
La sécurité des produits sanguins repose en partie sur le dépistage systématique, sur chaque don de sang, de marqueurs biologiques de différentes infections liées au VIH par exemple. En outre, avant de donner son sang, chaque candidat doit remplir un questionnaire puis suivre un entretien. Une étape qui permet d’identifier des situations à risque, comme le comportement sexuel. Le but de cette sélection préalable étant d’assurer une sécurité sanitaire optimale.
Le 10 juillet dernier, la possibilité a été donnée aux « hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HSH) de donner leur sang sous certaines conditions ». Par exemple, pour le don de sang total, ne pas avoir eu de rapport sexuel entre hommes dans les 12 derniers mois.
Deux ans après, ces critères ont-ils bien été respectés ? La surveillance du VIH chez les donneurs de sang a-t-elle connu une évolution ? C’est pour répondre à ces questions que Santé publique France a conduit une enquête (baptisée Complidon) auprès de plus de 100 000 donneurs.
Les dons positifs au VIH stables
Il ressort que parmi les donneurs, un tiers des HSH ont déclaré avoir eu au moins un partenaire sexuel au cours des 12 derniers mois. Cela change-t-il pour autant le taux des dons positifs aux VIH ? En un mot : non ! Selon Santé publique France, « malgré ces chiffres de non‑respect des critères de sélection, la surveillance épidémiologique montre que l’ouverture du don de sang aux HSH n’a pas eu d’impact sur ces taux, ni chez les nouveaux donneurs, ni chez les donneurs connus ».
Pour justifier cette observation, l’Agence explique que parmi les homosexuels, « ceux qui donnent leur sang sont à moindre risque. En effet, la proportion d’HSH multipartenaires au cours des 12 derniers mois est beaucoup plus faible parmi les HSH donneurs de sang que parmi ceux de la population générale. Par ailleurs, 41% des hommes ayant eu des rapports entre hommes au cours des 12 derniers mois ont déclaré que leurs rapports sexuels étaient systématiquement protégés et 22% avaient le même partenaire depuis au moins 12 mois. »
Sans oublier une donnée souvent occultée : « il est possible que l’ouverture du don de sang aux HSH n’ait pas eu d’impact sur les indicateurs de suivi, car une partie d’entre eux donnaient déjà leur sang avant l’autorisation du 10 juillet 2016. »
Pour Santé publique France, ces données apportent de nouveaux éléments en vue d’un élargissement du don de sang aux HSH.
-
Source : Santé publique France, 14 novembre 2018
-
Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Dominique Salomon