Hypnotiques, anxiolytiques… le malaise français
19 septembre 2011
Chaque année, près de 12 millions de Français consommeraient des benzodiazépines. Une famille de médicaments qui regroupe les hypnotiques (somnifères…) et les anxiolytiques. Une nouvelle étude réalisée en Auvergne, illustre les dérives de la France en matière de prescription et de consommation de ces médicaments… loin d’être sans dangers.
Une équipe du centre d’addictologie du CHU de Clermont-Ferrand, a piloté une enquête auprès de patients prenant au moins une benzodiazépine depuis plus de trois mois. C’est-à-dire au-delà de la durée recommandée par les autorités de santé, qui est, rappelons-le, de 12 semaines pour les anxiolytiques… et de 4 semaines pour les hypnotiques.
L’objectif était de « mieux connaître les patients traités par benzodiazépines au-delà des 12 semaines recommandées, d’évaluer leur niveau de dépendance et de comprendre leurs besoins » expliquent les auteurs. Au total, 175 patients ont participé à ce travail. Sept sur dix étaient des femmes.
Il en est ressorti :
– que 40% à 64% de ces malades présentaient un « usage problématique des benzodiazépines » ;
– que 36% avaient déjà expérimenté un syndrome de manque, caractérisé notamment par une certaine irritabilité ;
– que 30% affirmaient vouloir bénéficier d’une aide professionnelle pour modifier leur consommation ;
– que près des deux-tiers (63%) déclaraient avoir déjà tenté de diminuer voire d’arrêter, de consommer des benzodiazépines ;
– que 27% soufraient de troubles du sommeil ;
– et que 37% enfin, faisaient état de troubles de la mémoire…
Les benzodiazépines ne sont pas des médicaments nouveaux. Elles sont en effet commercialisées depuis plus de 50 ans en France, et dans de nombreux pays. Pourtant, la question de leur sécurité d’emploi est un véritable serpent de mer. Cette question « fait depuis de nombreuses années, l’objet d’une attention particulière des autorités sanitaires françaises », expliquait l’Agence française de Sécurité sanitaire des Produits de santé (AFSSaPS) en… 2001 !
Depuis, la tendance ne s’est pas inversée bien au contraire. Comme le rappellent les addictologues auvergnats, à l’échelle nationale, « les durées de prescription dépassent les recommandations dans 35% des cas ». Ce qui signifie que plus de 4,2 millions de Français seraient aujourd’hui concernés par ce mésusage ; et ce qu’il faut bien appeler une dépendance aux benzodiazépines.
Aller plus loin :
Téléchargez la Mise au point sur les troubles du comportement liés à l’utilisation des benzodiazépines et des produits apparentés (AFSSaPS).