Ibuprofène et grossesse : des risques encore trop souvent méconnus
24 octobre 2022
Les effets toxiques de l’ibuprofène pendant la grossesse ne sont pas suffisamment connus des femmes enceintes, alerte la Revue Prescrire dans son édition du mois d’octobre. Elle appelle à des nouvelles campagnes d’information.
Les femmes enceintes le savent bien : seul le paracétamol, ou presque, leur est autorisé pendant la grossesse afin de soulager leurs douleurs. Mais, dans une enquête* menée par OpinionWay pour l’Observatoire français des médicaments antalgiques (OFMA) et l’Institut Analgésia, une femme sur 10 le concède : il lui est déjà arrivé de prendre un autre anti-douleur, l’ibuprofène, durant sa grossesse.
Ce sont les résultats de cette étude qui ont conduit la revue Prescrire à sonner une nouvelle fois l’alerte. Car cet anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) est formellement contre-indiqué pour la femme enceinte en raison de ses potentiels effets toxiques sur le fœtus, ainsi que le formulent très explicitement les logos et inscriptions présents sur les boîtes de ces médicaments (« Ce médicament + grossesse = interdit » ou « Ne pas utiliser chez la femme enceinte »).
Avortements spontanés, atteintes rénales…
Et pourtant, donc, ces risques restent très largement sous-évalués : outre celles qui ont déjà pris un ibuprofène pendant leur grossesse, 15 % des femmes interrogées dans l’enquête ont déclaré qu’elles pourraient en prendre en première intention sans prescription médicale. Or, comme tous les AINS, « l’ibuprofène pris pendant la grossesse expose notamment à des avortements spontanés, à des malformations, des atteintes cardiaques et rénales graves de l’enfant à naître, et à des dangers au moment de l’accouchement (hémorragies, thromboses de la mère, etc.) », résume la revue Prescrire.
Laquelle alerte aussi sur le fait que la présence d’ibuprofène « dans de nombreux médicaments du commerce est méconnue. Cela révèle le risque d’en prendre sans le savoir dans divers médicaments ayant un nom peu informatif sur le contenu ». Parmi ces médicaments, on peut citer Advil©, Nureflex© ou Rhinadvil Rhume©. Pour les auteurs, de larges campagnes d’information sont donc nécessaires « pour inciter les femmes à ne jamais prendre d’ibuprofène ni tout autre anti-inflammatoire non stéroïdien pendant la grossesse ». Et, en cas de doute, de toujours demander l’avis de son médecin ou de son pharmacien.
*Le comportement des Français face aux antalgiques – Enquête menée en ligne du 29 septembre au 8 octobre 2021 auprès d’un échantillon représentatif de 3000 Français âgés de 18 ans et plus.