Il a un souffle au cœur ? Ne dramatisons pas

08 octobre 2010

« Mon enfant ne peut pas courir, il a un souffle au coeur. » Voilà une phrase qui le plus souvent, n’a guère de sens. Où plutôt, qui traduit purement et simplement l’angoisse de parents confrontés à une réalité qu’il ne comprennent pas… mais qui est bien banale ! Ce bruit cardiaque en effet, ne traduit le plus souvent pas la moindre malformation. Et surtout, il ne remet en cause aucun des aspects de la vie de votre petit.

Un souffle cardiaque peut être détecté chez l’enfant, à plusieurs occasions: lors du premier examen à la maternité, à l’occasion d’examens pédiatriques obligatoires, ou bien au moment de délivrer un certificat d’aptitude au sport. « Un pédiatre ou un généraliste l’entendra à l’auscultation. Mais ce bruit ne signifie pas forcément qu’il y a malformation cardiaque » rassure le Pr Damien Bonnet, cardiopédiatre à l’hôpital Necker Enfants-Malades à Paris. « On entend fréquemment des souffles chez l’enfant, mais on les qualifie la plupart du temps de souffles ‘anorganiques’ ou ‘innocents’. Ils ne révèlent pas une anomalie physique, et peuvent même surgir en cas de fièvre ou d’agitation. Et ils varient également, en fonction de l’âge et du poids. »

Comment être sûr?

« Pour déterminer à l’oreille s’il s’agit d’un souffle cardiaque innocent ou non, il faut une grande expérience en cardiologie et en pédiatrie », reconnaît le Pr Bonnet. « Si le bruit est détecté à la maternité, on pratique généralement une échographie cardiaque. C’est un examen simple et définitif, qui permet la plupart du temps de renvoyer les parents chez eux avec la certitude que le bruit n’a pas de support anatomique. » Si le souffle est détecté pour la première fois à 4 ans par exemple, il est inutile de s’inquiéter trop vite. L’enfant doit être ausculté à nouveau quelque temps plus tard, par un spécialiste en cardiologie pédiatrique. Là encore, il pourra la plupart du temps rassurer les parents et inscrire dans le carnet de santé que le coeur est tout à fait normal: aucune précaution n’est nécessaire dans la vie quotidienne, l’enfant n’a pas besoin d’être particulièrement suivi.

Malformations

Il arrive cependant parfois, que le souffle ait une origine anatomique. Mais il existe des centaines de malformations cardiaques! « Certaines sont tellement bénignes qu’elles n’auront même pas besoin de suivi, et ne compromettront en rien les capacités physiques » de l’enfant, assure le Pr Bonnet. « D’autres peuvent être plus graves, mais la plupart se soignent bien, par des techniques chirurgicales, ou même d’autres méthodes, moins invasives… »

  • Source : Interview Pr Damien Bonnet, cardiopédiatre au Centre de Référence Malformations Cardiaques Congénitales Complexes (M3C) de l'Hôpital Necker-Enfants Malades, AP-HP, le 1er octobre 2010

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