Impact de la pollution atmosphérique sur le fœtus : les preuves s’accumulent
21 octobre 2015
©Phovoir
Les polluants atmosphériques, et notamment les particules fines en suspension, ont un effet démontré sur la morbidité et la mortalité cardiovasculaire et respiratoire. Depuis le début des années 2000, des travaux suggèrent que l’exposition de la femme enceinte à ces polluants pouvait aussi avoir un effet sur la croissance fœtale. Le 32e Congrès de la Société française d’Endocrinologie qui s’est tenu récemment à Angers était l’occasion de synthétiser les données existantes.
Oxyde d’azote, monoxyde de carbone, benzène… L’impact sanitaire des polluants atmosphériques ne fait plus aucun doute. Ils sont responsables chaque année de 20 000 à 40 000 décès en France. Certains pénètrent profondément dans la région alvéolaire ou se retrouvent dans le sang », explique le Dr Rémy Slama de l’équipe INSERM, Epidémiologie environnementale de Grenoble. « Les 4/5e des décès inhérents sont de nature cardio-respiratoire ». Mais qu’en est-il de la santé des enfants à naître ? Plusieurs travaux ont déjà apporté des éléments de réponses.
Un faible poids de naissance
A commencer par la European Study of Cohorts for Air Pollution Effects (ESCAPE – Étude européenne de cohortes sur les effets de la pollution atmosphérique). Mené en 2013, ce travail a permis de réunir les données de 14 études de cohorte menées dans 12 pays européens et impliquant 74 000 femmes ayant accouché entre 1994 et 2011. Les concentrations de polluants atmosphériques (dioxyde d’azote et particules fines en suspension) ont été évaluées durant la grossesse autour et dans le domicile de chaque femme. La densité du trafic sur la route la plus proche du lieu de résidence a également été enregistrée.
Résultat, plusieurs polluants atmosphériques, et plus particulièrement les particules fines, ainsi que la densité du trafic, sont associés à une augmentation du risque de petit poids de naissance à terme et une réduction de la circonférence crânienne moyenne à la naissance. «Ces nouveau-nés sont plus à risque de développer des troubles respiratoires, cardiaques, un diabète et un surpoids », analyse Rémy Slama.
Du « jardin d’Eden » aux JO de Pékin…
Même résultat en s’appuyant sur la cohorte EDEN (étude des déterminants pré et post natals du développement et de la santé des enfants). Plus de 2 000 femmes enceintes ont été recrutées. Non fumeuses, elles devaient porter en permanence des capteurs de pollution. « Nous avons pu observer que la pollution atmosphérique semblait restreindre la croissance du fœtus dès le milieu de la grossesse », ajoute le Dr Slama.
Et les exemples s’égrainent. Comme celui d’une étude conduite en 2008 lors des Jeux olympiques de Pekin. Des chercheurs chinois avaient observé le poids à la naissance de bébés nés dans la capitale lors de la compétition, période durant laquelle les autorités avaient entrepris de faire baisser la pollution. Ils ont ensuite comparé les résultats à ceux enregistrés à la même époque en 2007 et 2009. Résultat, encore une fois, l’air vicié était associé à un plus faible poids de naissance.
Les trois études citées renseignent plus particulièrement sur le poids de l’enfant à naître. D’autres alarment sur le risque pour la mère de développer une pré-éclampsie, sur le risque de naissance prématurée ou de prématurité liée à l’hypertension gravidique ou celui de malformations congénitales cardiaques…
Vous l’avez compris, les dangers des polluants atmosphériques sur le fœtus sont aujourd’hui largement documentés. Pour autant, bien des inconnues demeurent. Notamment en ce qui concerne leur mécanisme d’action.
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Source : 32e Congrès de la Société française d’Endocrinologie ; Angers, 7-10 octobre 2015
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Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet