Infarctus : un miracle qui ne tient pas la distance…

20 avril 2005

Une étude allemande suscite l’inquiétude à propos des streptokinases. Ces médicaments sont essentiels à la destruction des caillots responsables de l’infarctus du myocarde. Or très souvent, ils ne seraient pas à la hauteur des standards attendus.

Ces médicaments en fait, sont capables de ” digérer ” la substance qui compose ces caillots sanguins, la fibrine. Ils permettent ainsi de sauver d’innombrables malades… en principe. Le problème, c’est que la plupart seraient en réalité inefficaces.

Le Dr Peter Hermentin et son équipe, du laboratoire Behring à Marburg en Allemagne ont testé 21 préparations différentes à base de streptokinase. Or à la surprise générale, ” sur les 21 produits étudiés, seuls trois se sont révélés efficaces et conformes aux normes européennes ” constate Peter Hermentin. Soit moins de 15% ! En cause, les dosages des principes actifs qui varient d’une préparation à une autre. Dans 18 des médicaments analysés, ” les exigences fibrinolytiques fixées par l’Union européenne n’étaient pas respectées. ” Et la pureté de ces préparations laissait également à désirer.

Un résultat inquiétant, sachant que tous ces médicaments avaient reçu l’Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) et donc, étaient utilisés dans la majorité des centres hospitaliers européens. Mais pas seulement. Ils sont également commercialisés au Brésil, en Jordanie et en Inde, en Chine et au Pakistan…

Pourquoi de telles disparités entre des produits supposés identiques ? Pour le Dr Felicita Andreotti de l’Institut de Cardiologie à l’Université catholique de Rome, c’est le système d’évaluation et de suivi des médicaments qui serait en cause. ” Leur efficacité et leur sécurité sont évaluées à partir d’essais cliniques basés sur le court et le moyen terme. Mais une fois commercialisés, ces produits ne subissent pas systématiquement des évaluations sur le long terme. ”

Andreotti met en cause le suivi épidémiologique et la vigilance des gouvernements en la matière. Un suivi et une vigilance qui devraient peut-être aussi s’exercer sur les conditions de stockage et de distribution des médicaments. Les streptokinases… et les autres.

  • Source : European Heart Journal, 19 avril 2005

Aller à la barre d’outils