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C’est bien connu, le suivi cardiologique constitue la pierre angulaire de la prise en charge de l’insuffisance cardiaque et doit être ajusté selon la gravité de l’état du patient. Mais jusqu’ici, les données manquaient sur l’effet réel d’un suivi cardiologique à grande échelle. L’étude française French-DataHF, à partir des bases de données de l’Assurance maladie, apporte des éléments très utiles. Les dossiers de plus de 650 000 adultes insuffisants cardiaques français ont été épluchés (tous ceux ayant présenté une insuffisance cardiaque au cours des 5 années précédentes et vivants au 1er janvier 2020 ; âgés de 70 à 87 ans).
Avec un premier constat : plus la maladie est sous contrôle, plus le risque de décès est minimisé. La mortalité à un an était de 8 % chez les patients les plus stables. Elle montait à 25 % après une hospitalisation récente. La mortalité pouvait même atteindre 40 % de décès à deux ans chez ceux ayant une insuffisance cardiaque la plus sévère.
Mais les auteurs insistent surtout sur le fait qu’une simple consultation annuelle chez le cardiologue peut déjà infléchir le pronostic.
Comparée à l’absence de consultation, une seule consultation en cardiologie au cours de l’année précédente a été associée à une réduction de 6 à 9 % de la mortalité (toutes causes confondues) à un an au cours de l’année suivante, peu importe la sévérité de la maladie. La multiplication des consultations cardiologiques s’accompagne d’un meilleur pronostic. Deux à trois visites par an renforcent la survie, et dans les formes les plus graves, quatre suivis annuels réduisent le risque de décès d’environ 40 %.
Selon la modélisation, le suivi le plus adapté reposerait donc sur une consultation annuelle pour les patients à faible risque, deux à trois pour les profils intermédiaires et quatre pour ceux ayant été récemment hospitalisés.
Malgré un diagnostic d’insuffisance cardiaque, les chercheurs ont calculé que 40 % des patients ne consultent pas un cardiologue chaque année en France, quelle que soit la gravité de la maladie. Ils soulignent des inégalités d’accès, non surprenantes : les femmes, les patients les plus âgés et les personnes socialement défavorisées sont ceux qui consultent moins souvent un cardiologue.
Ces résultats obtenus « en vie réelle », au quotidien, confirment que l’insuffisance cardiaque, en population générale, reste associée à une mortalité bien plus élevée que dans les registres cliniques utilisés pour les études, du fait d’une population plus âgée et moins sélectionnée sur des critères de bon suivi de la maladie.
Un bémol : dans ce type d’étude d’observation en vraie vie, le lien entre « consultations » et « survie améliorée » n’établit pas de causalité et pourrait refléter une meilleure observance des traitements ou une organisation des soins plus efficace. Néanmoins, le volume des données dans cette étude French-DataHF est tel que le lien entre suivi cardiologique et risque de décès est très crédible.
Source : Baudry G, et al. Cardiologist follow-up and improved outcomes of heart failure: a French nationwide cohort. Eur Heart J. 2025 Aug 14;46(31):3050-3065.
Ecrit par : Hélène Joubert ; Édité par Emmanuel Ducreuzet