Cœur des femmes et cœur des hommes : quelles différences ?
14 janvier 2025
On sait que le cœur des femmes et leurs symptômes en cas de maladie ou accident cardiaque peuvent différer de ceux des hommes. Cette méconnaissance a entraîné des retards de diagnostic et erreurs de prise en charge. Quelles sont ces différences ?
Anatomiquement parlant, les femmes possèdent habituellement un cœur plus petit que celui des hommes, ainsi que des artères plus fines, souligne l’Inserm, dans un article consacré au cœur des femmes. Mais les différences sont loin d’être uniquement anatomiques.
Des plaques d’athérome différentes
Selon le Centre canadien de santé cardiaque pour les femmes (CWHHC), l’accumulation des plaques d’athérome dans les artères est moins importante que chez les hommes. Toutefois, « les hormones mâles élargissent les artères, alors que les hormones femelles les rétrécissent ». Toujours selon le CWHHC, « ce rétrécissement favorise la formation de caillots de sang ou d’obstructions et rend les artères plus difficiles à réparer ».
Avant la ménopause, selon la Fondation Agir pour le cœur des femmes, « les grosses artères coronaires présentent des plaques d’athérome molles et peu calcifiées qui se déchirent et se recollent, ce qui provoque des symptômes fluctuants, comme des palpitations, de l’essoufflement ou des douleurs d’allure digestive ». En outre, « ces caillots peuvent se détacher et aller boucher plus loin les petites artérioles à l’intérieur du muscle cardiaque, abimant ainsi le cœur à bas bruit ».
Des symptômes différents
Comme l’explique l’Inserm, c’est lorsqu’on s’intéresse aux symptômes des accidents cardiovasculaires que les différences entre femmes et hommes sont encore plus visibles. Exemple avec le syndrome coronarien aigu. Selon plusieurs études, les femmes présentent moins de risque de ressentir des douleurs thoraciques ou une transpiration mais, à l’inverse, davantage de douleurs entre les omoplates, d’essoufflement, de nausées ou de vomissements.
En outre, après la ménopause, les lésions de la microcirculation (artérioles), évoquées plus haut, s’aggravent avec l’âge, l’hypertension ou l’excès de cholestérol. Les artérioles s’épaississent et s’obstruent, le cœur fatigue, pouvant aller jusqu’à l’insuffisance cardiaque. « Cette maladie distale artériolaire explique la présentation ‘atypique’ de l’infarctus du myocarde, malgré l’absence d’occlusion des grosses coronaires. Ces lésions ne sont pas visibles à la coronarographie, examen qui révèle uniquement les lésions des grosses artères coronaires ». Détectable avec des examens spéciaux, cette maladie des artérioles est pourtant associée, selon la Fondation Agir pour le cœur des femmes, à un risque de mortalité aussi important que la maladie plus classique des grosses artères coronaires.
‘Atypique’. Voici un mot qui interpelle. Une méta-analyse a montré que les symptômes des femmes dans le syndrome coronarien aigu étaient présentés comme atypiques dans la littérature, alors même que cela concerne potentiellement la moitié de la population mondiale ! « Cette symptomatologie considérée comme atypique jointe à la plus grande capacité en moyenne des femmes à ignorer la douleur explique en partie le caractère souvent tardif de la consultation et, de ce fait, le retard dans la prise en charge qui peut pénaliser le pronostic », souligne l’Inserm.
Des facteurs de risque différents
Les femmes seraient aussi plus sensibles que les hommes aux effets secondaires de la radiothérapie et de la chimiothérapie. Ainsi, après les traitements anticancéreux, elles présentent un risque accru d’accident cardiovasculaire.
Selon le CWHHC, si les facteurs de risque sont les mêmes chez les hommes que chez les femmes, ils sont associés à un risque cardiovasculaire plus important chez les femmes. Le diabète, le surpoids, la sédentarité, le tabagisme, la sédentarité, l’hypertension et les antécédents familiaux « doivent sonner l’alarme parce qu’ils sont associés à un degré de risque supérieur chez les femmes ».
Des risques partagés mais une hausse des cas chez les femmes
Les maladies cardiovasculaires et leurs complications sont la deuxième cause de mortalité en France, après les cancers, chez les femmes et les hommes. Toutefois, les hospitalisations des femmes de moins de 65 ans pour syndrome coronarien aigu est en nette progression ces dernières années. En cause, notamment, une exposition à des facteurs de risque connus, dont le tabagisme (en association ou non à une contraception oestroprogestative), une activité physique en baisse, une sédentarité élevée, une augmentation de l’obésité et du diabète de type 2. Mais « le taux d’hospitalisation en augmentation chez les femmes pourrait aussi être dû à une plus grande prise de conscience du risque qu’elles encourent face à des maladies cardiovasculaires longtemps considérées comme masculines », souligne l’Inserm.
Des études déséquilibrées
Jusqu’à la fin des années 1980, peu d’essais cliniques ont inclus des femmes. Résultats : un manque de données permettant de mieux prendre en charge les femmes et un manque de sensibilisation des femmes par les professionnels de santé eux-mêmes. Depuis, des directives ont été données pour inclure davantage de femmes dans les essais cliniques mais la parité n’est toujours pas atteinte, selon une étude de 2020 relayée par l’Inserm. Ainsi, « les essais cliniques menés entre 2008 et 2017 ont révélé la participation de 36 % de femmes ». On est donc encore loin du compte.
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Source : Inserm, Agir pour le cœur des femmes, Centre canadien de santé cardiaque pour les femmes (CWHHC)
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Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet