Interruption médicale de grossesse : prendre le temps du deuil
07 décembre 2009
Quand l’enfant à naître est atteint d’une pathologie grave et incurable, une interruption médicale de grossesse (IMG) peut être nécessaire. C’est, naturellement, un traumatisme pour le couple et la famille. Et il faut du temps pour s’y préparer, et l’accepter.
Malformations. En France, 6 787 IMG ont été réalisées en 2006. Ce qui représente pratiquement une naissance sur 100. « Les indications maternelles de cette intervention sont exceptionnelles », explique le Dr Fanny Lewin, gynécologue et responsable du centre de diagnostic prénatal à l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul à Paris. « Les principales causes d’IMG relèvent de malformations graves du fœtus ». Grâce au diagnostic prénatal toutefois, les malformations ainsi dépistées ne justifient une IMG que dans un cas sur quatre environ. La plupart du temps désormais, l’accueil du nouveau-né peut être mieux préparé ou le fœtus être soigné in utero.
Une décision douloureuse. « L’annonce est toujours un moment très dur pour les parents. Nous les voyons à plusieurs reprises, en compagnie d’un spécialiste de la malformation concernée : cardiopédiatre, neuropédiatre… Ils rencontrent aussi un psychologue et, si le pronostic est catastrophique, nous abordons la question de l’interruption. Si en revanche le problème est soluble, ils ne demandent bien sûr pas d’IMG. Les histoires de demandes abusives sont vraiment exceptionnelles ! » tempère le Dr Lewin.
Pas de précipitation. « En cas de difficulté insurmontable, les parents demandent le plus souvent une IMG dès le lendemain de l’annonce. Ils souhaitent alors procéder par césarienne, sans rien voir ni rien savoir. Mais avec cette manière de faire, on court à la catastrophe » avertit le Dr Lewin. Bien des considérations entrent en compte, et le travail de deuil commence avant même l’interruption. La césarienne, qui impacte la grossesse suivante et entraîne une hospitalisation de plusieurs jours, doit être évitée.
Après l’accouchement. Le fait d’inscrire l’enfant à l’état civil, et donc sur le livret de famille, peut aider certains parents à mieux faire leur deuil. Voir l’enfant, prendre une photo de lui, peut aussi les aider. « Nous leur conseillons d’apporter un petit vêtement, pour une présentation digne de leur enfant. Et s’ils ne sont pas capables de le voir sur le moment, ils pourront reporter cette visite au lendemain, en chambre mortuaire. » Des obsèques peuvent ensuite être organisées par les parents avec les services funéraires, ou bien par l’hôpital.
Comment en parler ? L’annonce de l’événement – surtout le cas échéant aux autres enfants – est naturellement difficile. Mieux vaut utiliser des mots simples choisis avec l’équipe médicale. Il est indispensable aussi de rassurer le grand frère ou la grande sœur : ce n’est pas leur faute, cela ne leur arrivera pas. En parler peut aussi aider. « Nous mettons parfois les femmes en relation avec d’anciennes patientes qui ont surmonté la même épreuve. »
Un autre bébé ? « Retomber enceinte très tôt peut donner l’impression que la peine va guérir plus vite. Mais il faut vraiment attendre de tourner la page », conseille Fanny Lewin. « Ne pas poursuivre cette grossesse par une autre, et laisser passer un peu de temps pour que la prochaine soit aussi sereine que possible. »