IVG médicamenteuse : prendre en compte la douleur
18 novembre 2016
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Le recours à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) reste stable en France. En 2015, environ 220 000 actes ont été pratiqués. Depuis l’autorisation de cette technique en 1990, la part des IVG par voie médicamenteuse n’a cessé d’augmenter pour atteindre 57% en 2015. Une étude analyse pour la première fois la douleur et le ressenti des patientes concernées.
Soutenue par la Fondation de l’Avenir et pilotée par le centre Clotilde Vautier de la clinique Jules Verne de Nantes, l’étude révèle que 27% des femmes ayant réalisé une IVG médicamenteuse ont ressenti des douleurs très intenses au 3e jour de l’IVG.
Les IVG par voie médicamenteuse sont pratiquées jusqu’à la fin de la 5e semaine de grossesse, soit au maximum 7 semaines après le début des dernières règles. La méthode consiste à prendre deux comprimés différents en présence du médecin au cours de deux consultations, puis, à vérifier que la grossesse est bien interrompue au cours d’une visite de contrôle.
Antalgiques, saignements et accompagnement
« Au centre IVG Clotilde Vautier, nous avons observé que les femmes qui restaient sur place pour des IVG médicamenteuses pouvaient présenter des intensités de douleur très marquées ce qui ne semblait pas correspondre avec l’idée générale dans le public et le milieu hospitalier où [cette méthode] est perçue comme simple, facile d’accès, rapide », souligne le Dr Philippe David, gynécologue obstétricien à Nantes. Or « la douleur n’était pas du tout étudiée. En nous référant aux études publiées, nous avons constaté qu’il y en avait très peu sur ce sujet en France d’où notre volonté d’en mener une. »
Résultat, « toutes les femmes perçoivent des douleurs dans les jours suivant la prise de médicaments », indiquent les auteurs. Les plus fréquentes et les plus fortes sont ressenties le 3e jour. Au total, 83% des 453 femmes interrogées affirment avoir pris des antidouleurs lors des cinq jours du traitement. « La prise d’antalgiques en anticipation de la douleur est également efficace », rappellent les auteurs. Et il est important d’adapter le protocole à chaque situation.
Les saignements, qui accompagnent l’expulsion de l’œuf, représentent quant à eux, un autre effet indésirable de cette technique et sont d’intensité variable. D’après les résultats de ce travail, ils inquiètent de nombreuses patientes. Dans le détail :
- 27% des répondantes ont trouvé les saignements « inquiétants » ;
- 6%, « très inquiétants » ;
- 6% ont répondu n’avoir pas été assez informées à propos des saignements.
L’enquête tend à montrer l’importance de l’accompagnement et de l’information avant, pendant et après, des patientes par les proches et le personnel médical. « L’IVG n’est en aucun cas un acte anodin ni banal », souligne Marie-Josèphe Saurel-Cubizolles, chercheuse épidémiologiste à l’INSERM. Au regard de ces résultats, « il est indispensable de continuer à défendre des centres d’IVG adaptés dans la prise en charge des femmes qui sont confrontées à une grossesse non désirée et qui songent à une IVG », conclut le Dr David.