IVG : utile rappel à la loi
12 septembre 2018
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L’interruption volontaire de grossesse est un droit pour toutes en France depuis 1975. Pourtant, régulièrement, ce droit est questionné ou mis en doute. C’est ce qui s’est produit, face caméra, hier soir dans l’émission Quotidien par la voix de Dr Bertrand de Rochambeau, président du Syndicat national des gynécologues-obstétriciens. Celui-ci a ainsi estimé qu’une IVG était comparable à un homicide. La ministre de la Santé recadre.
La scène est surréaliste. Le Dr Bertrand de Rochambeau, président du Syndicat national des gynécologues-obstétriciens (Syngof), commente au micro de Valentine Oberti, journaliste de l’émission Quotidien sur TMC son refus de pratiquer les interruptions volontaires de grossesse (IVG). Si cela est un droit exercé par de nombreux médecins, la réplique de l’intéressé fait scandale. Pour lui « [les médecins] ne sont pas là pour retirer des vies ». L’IVG serait-il assimilable à un homicide ? « Oui» répond-il.
Gouvernement et professionnels de santé vent debout
Les réactions ne sont font pas attendre au regard de l’attaque contre ce droit fondamental. « Plus de quarante ans après l’entrée en vigueur de la loi du 17 janvier 1975 […], le droit à l’IVG, essentiel à l’autonomie et à l’émancipation des femmes, demeure menacé », s’insurge le Conseil national de l’Ordre des Sages-femmes (CNOSF). Lequel estime pour sa part que les sages-femmes doivent être présentes pour accompagner les femmes durant leur grossesse, quelle qu’en soit l’issue.
De plus, « alors que l’accès à l’IVG n’est plus garanti pour l’ensemble de nos concitoyennes, le CNOSF en appelle à la responsabilité individuelle de chacun afin de ne pas remettre en question ce droit, acquis sociétal fondamental pour la liberté des femmes ».
De leur côté, Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, et Marlène Schiappa, Secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes, condamnent fermement ces propos.
Un droit contre un autre
Alors, c’est vrai, « les médecins ont effectivement le droit de refuser de pratiquer un IVG », comme le rappellent Agnès Buzyn et Marlène Schiappa dans leur communiqué. Mais ils ont aussi « l’obligation d’orienter la patiente vers un autre praticien ou une structure qui répondront à sa demande ». Ainsi est-ce stipulé dans le Code de la Santé publique. Or dans les faits, certains établissements se retrouvent dépourvus de médecins acceptant de pratiquer cet acte. Obligeant parfois les femmes concernées à parcourir de nombreux kilomètres pour faire valoir leurs droits.
« Par ailleurs, depuis 1993, le délit d’entrave sanctionne les actions empêchant l’accès à l’information sur l’IVG et aux établissements qui la pratiquent, élargi notamment à Internet en 2017 », ajoutent-elles.
Ce rappel était nécessaire en raison des menaces fréquentes contre ce droit, « pour lequel il convient de ne relâcher aucun effort », poursuivent la ministre et la secrétaire d’Etat. « L’IVG doit être un droit réel, que chaque femme doit pouvoir exercer en toute liberté. Cela fait maintenant plus de 40 ans que ce droit leur est acquis. Rien ni personne ne doit l’entraver », conclut Agnès Buzyn.
Pour toute question, vous pouvez consulter le site ivg.gouv.fr ou contacter le numéro d’appel 08 00 08 11 11 (anonyme et gratuit).
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Source : ministère de la Santé et Secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre, chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes, 12 septembre 2018 - Conseil national de l’Ordre des Sages-femmes (CNOSF), 12 septembre 2018
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Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Vincent Roche