« J’ai peur » : de l’enfance à l’adolescence…

18 octobre 2018

La peur est une émotion naturelle, commune à tous. Pour quelles raisons et comment se manifeste-t-elle chez les enfants ? En fonction de l’âge, la réponse varie. Petit inventaire des différentes craintes de nos bambins.

Avec la joie la tristesse et la colère, la peur fait partie de l’une des quatre grandes émotions caractéristiques de l’espèce humaine. Chez l’adulte, la peur est concrète, on comprend facilement son origine et son facteur déclenchant. On sait évaluer à quel point ce ressenti est rationnel ou non.

Mais dans le cas de la peur infantile, il n’est pas toujours facile de l’expliquer, ni d’évaluer son niveau d’intensité. D’autant qu’en fonction du degré de conscience, du stade de développement de l’enfant, mais aussi de son éveil dans le monde des adultes, ce sentiment émane dans divers contextes et s’expriment différemment selon les âges. Ainsi « chez le nouveau-né, la peur du contact physique et le bruit provoquent une réaction d’effroi, de morosité », décrit le Dr Valleteau de Mouillac, pédiatre à Paris.

Les peurs de la petite enfance

Chez le bébé, avant l’acquisition de la parole, plusieurs stades sont définis :

· De 6 à 8 mois, « la timidité ou l’anxiété face à une personne ou un objet étranger », stimule les cris du petit qui se réfugiera alors dans « le repli, la tristesse, l’effroi » ;
· Entre 12 et 18 mois, « la séparation des parents, l’angoisse du soir, la propreté et les blessures » jouent avec la corde craintive de l’enfant qui aura tendance à faire preuve « de refus, d’hostilité, de changements de comportements et/ou à souffrir de troubles du sommeil » ;
· De 2 à 3 ans, les éléments naturels comme l’eau, le feu et les éclairs peuvent inquiéter. Les peurs « du noir, des cauchemars et des animaux » pointent aussi le bout de leur nez. « Des pleurs et des cris, des évitements de l’animal ou des terreurs nocturnes » surviennent alors.
· De 4 à 5 ans, l’angoisse en cas de séparation des parents se prolonge par la « peur de la solitude voire de la mort ». A compter de cet âge, l’enfant se rattache à un « besoin voire une quête excessive de réassurance » ?
· De 5 à 7 ans, « des objets spécifiques, des maladies graves, des événements violents », peuvent devenir de nouvelles sources d’appréhension. L’enfant ressentira alors une sensation « d’oppression », pourra selon les cas déclarer des épisodes « de respiration irrégulière, de larmes, voire des épisodes de tachycardie ». Et le besoin d’être rassuré prend de l’ampleur. Le monde s’ouvre à l’enfant, le champ des possibles prend alors de l’envergure.

La scolarisation terrain de nouvelles peurs ?

La période 7-11 ans est, elle, caractérisée par « les angoisses scolaires, le souci de la performance et de l’intégration sociale ». Les symptômes relèvent alors « du repli, de l’extrême timidité avec les adultes, d’un sentiment de honte ». Mais le corps s’exprime aussi ces peurs via la survenue de « céphalées, de douleurs abdominales ou encore de troubles du sommeil ».

A l’entrée de l’adolescence, alors que le jeune découvre sa propre identité et teste progressivement son autonomie, la peur envahit d’autres terrains : « le physique, les relations personnelles, le ridicule, la sexualité, l’avenir ». Les signes cliniques sont à cet âge « des céphalées, des douleurs abdominales, de la tristesse ». Parfois « un état pré-dépressif » se déclare, phase éphémère pendant laquelle l’ado voit la vie en noir. Des réactions comme la colère sont aussi disproportionnées. Enfin, le jeune trouve aussi un palliatif à la peur dans « les conduites addictives, l’agressivité ou la régression scolaire ».

A noter : pendant l’enfance, 72% des peurs disparaissent dans les 6 mois suivant les premières craintes. Et diminue ensuite dès l’entrée dans l’adolescence.

  • Source : Pédiatrie Pratique, 28 octobre 2016

  • Ecrit par : Laura Bourgault – Edité par : Dominique Salomon

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